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Interview – Balthazar – 2012

Balthazar, groupe belge composé de cinq musiciens, sort son deuxième album ce mois-ci, intitulé Rats. Parce qu’un deuxième album est toujours un cap à passer, un petit bilan s’imposait. On a donc discuté Jinte et Marteen, respectivement au chant/guitare et chant/clavier, dans un hôtel du 9ème arrondissement. Au programme : musique de rue, maturité et… Rats ! Les petits protégés de deUS ou d’Absynthe Minded ont bien grandi depuis leur premier album Applause et on envie qu’on le sache. Rencontre.

Comment vous êtes-vous rencontré ?

Jinte : C’était dans la vieille ville de Courtrai (Belgique) quand on était très jeunes. On était tous les deux musiciens de rue, du pire type, ceux qui jouent leurs propres chansons. Mais on était très jeunes donc on avait au maximum 3 chansons chacuns… On devait constamment jouer les mêmes morceaux… J’étais à un coin de rue et Marteen était à un autre coin. On ne se connait pas vraiment au début et chaque jour on voyait l’autre mec au bout de la rue en train de nous piquer notre argent. Et un jour, Patricia était invitée à jouer du violon avec Marteen, elle voulait venir me voir et me parler, c’est la plus empathique de nous tous.
Marteen: Et ensuite il est tombé amoureux d’elle et donc il est rentré dans le groupe sans hésiter.
Jinte: Et du coup on avait plus de chansons et donc on gagnait plus d’argent ! J’imagine que c’est parce que c’était un tout petit peu mieux de chanter avec deux autres personnes. Et ensuite on a dit au revoir à la musique de rue…

Donc en fait, vous étiez dans une espèce de compétition avant de créer le groupe… Ca a joué au début ?

Marteen : On était pas ennemis non plus mais, tu sais, une fois que de l’argent est impliqué… (rires). Mais on a exclu toutes ces notions de compétition une fois qu’on a rejoins nos forces.

Après tout ça,  vous êtes allé chercher un bassiste et un batteur, et là, Balthazar est né… Pourquoi ce nom ?

Jinte : Tout le monde sentait bien ce nom, il n’y a pas vraiment d’histoire derrière… Mais on voulait lui donner un vrai nom, un nom de personne, parce qu’on voulait voir le groupe comme un enfant qu’on allait nourir, voir grandir, vieillir et mourir un jour.
Marteen : Et ce nom, Balthazar, est un peu tombé du ciel. Ca sonnait bien dans pas mal de langues différentes.

Visiblement l’enfant a bien grandi, puisque vous sortez votre deuxième album, Rats, qui est tout de même très différent du premier : beaucoup plus calme, plus mature peut-être ? C’était intentionnel de faire quelque chose de moins jeune, histoire d’atténuer la pression du « deuxième album », ne pas à avoir garder autant d’énergie que dans le premier ?

Jinte : C’est venu assez naturellement parce que l’on a vieilli de deux ans mine de rien, nos pauvres os commencent à nous faire souffrir…

Quel âge as-tu pour parler comme ça ?!

Jinte : 64… (rires)
Marteen : C’est pas vraiment comme si on a absolument faire un album plus calme, on a simplement fait les chansons comme on les sentait. C’est après qu’on a remarqué que, oui, c’est un peu calme.
Jinte : Je pense que l’on voulait vraiment être nous-mêmes sur cet album, encore plus que sur le premier.
Marteen : Ca demande pas mal de courage de calmer les choses. Maintenant que nous sommes un peu plus vieux c’est plus simple d’assumer ça.
Jinte : C’est presque moins pop que le premier album, où il y avait de beat que l’on pouvait facilement faire passer à la radio.

C’est peut-être aussi à cause de votre mode de vie qui change non ? Dans la chanson Joker’s Son, vous parlez un peu de cette vie de fêtes et de sorties (A joker’s son / My coat’s somewhere around town / I never won but I rest assured that I can endure / the spinning)… Vous avez eu besoin de vous poser un peu avec Rats ?

Marteen : Oui, c’est tout à fait possible. En plus, on a écrit le premier album alors que l’on était encore étudiants. Et évidemment, en tant qu’étudiants, on étaient irresponsables, rien n’avait d’importance, on faisait tout le temps la fête…

Et ce premier album a changé beaucoup de choses dans votre vie étudiante ?

Jinte : Oui, surtout quand on a commencé à voyager l’année dernière, à jouer dans pleins de pays différents, c’était très excitant. Maintenant, on est un peu mieux organisés avec la sortie du deuxième.
Marteen : C’est pas si facile pour un groupe belge d’aller au-delà de nos frontières…
Jinte : Mais personnellement, en tant qu’étudiants en musique, on jouait tout le temps déjà avant, on baignait dans cet univers, ça n’a pas beaucoup changé…

Et une tournée avec deUS… C’était un rêve de gamins ?

Marteen : Oui, on a vraiment grandi avec eux, quand ils ont fait leur premier album, on était en train de découvrir la « bonne musique », et ils étaient un peu LE groupe belge. C’était extraordinaire de jouer avec eux. Le public est tellement large… Et surtout, après tant d’albums, comment font-ils pour donner autant aux gens ??

Comment les avez-vous rencontrés ?

Marteen : Tom Barman, le chanteur de deUS, est venu à un concert.
Jinte : En fait, il y a un peintre belge qui connaissait notre musique et qui m’a dit qu’il voulait venir à un concert. Je lui ai répondu « Ok, tu peux venir, uniquement si tu ramènes Tom Barman ». Et il l’a fait !
Marteen : Quand on a commencé à jouer, on n’était pas sûr qu’il l’avait ramené… Mais après la première chanson on a eu des problèmes techniques et il y avait un mec qui a tout de suite commencé à crier : « allez, commencez à jouer !! ». Et c’était Tom Barman !
Jinte : Et c’est comme ça que l’on s’est rencontré.

Avec qui voudriez partager une scène aujourd’hui ?

Marteen : Je dirais Roxette (duo pop suédois, nda.). Elles ont beaucoup d’énergie, ce sont des performeuses et elles écrivent bien.

Dans certaines chansons, quand on écoute la basse, on a l’impression d’entendre des passages à la  Gainsbourg

Marteen : On a énormément écouté des albums sixties et seventies quand on a écrit l’album et les sons de batterie/basse qu’on a pu utilisé sont très typiques de cette époque… C’est vrai que Gainsbourg avait ce son. On a utilisé aussi ce son de basse sur le premier album… Je crois juste que c’est notre basse favorite !

Ça et ce chant pile sur le tempo, presque saccadé, c’est LE style Balthazar, votre marque de fabrique ?

Jinte : Je pense que c’est le style de cette année… Je pense que ça va changer, que l’on ne va pas resté enchaîné à ça pour le reste de notre vie. Le chant sort naturellement de cette façon, à ce moment de notre vie.

Vous répétez beaucoup que vous avez grandi, que vous n’êtes plus de jeunes étudiants…

Marteen : C’est l’air de Paris ça (rires) ! On commence à penser à notre vie, notre avenir…

Ça a été un frein pour vous d’avoir une image de « jeune groupe » ?

Jinte : Non, pas vraiment, on a juste souffert de notre mauvais goût ! Le problème, c’est que quand on sortait un single, six mois après on en était dégoûté, on se disait : « mais pourquoi on chantait ça ?! »

Comme les deux premiers singles ?

Jinte : C’est juste que l’on ne se voit plus les chanter aujourd’hui, ça n’a plus trop de sens… Ça fait à peu près 5 ans qu’on les a écrit… Tu n’as pas trop envie de répéter les mots de toi à 17 ans…

Avec ce dernier album, vous allez quand même continuer à jouer les chansons du premier ?

Marteen : Oui ! Ce qui est cool, c’est que l’on n’aura pas à jouer toujours la même setlist. On pourra changer en fonction de notre humeur, de nos envies du moment.

J’ai entendu dire que vous avez enregistré votre album vous-même ?

Jinte : On a enregistré des sons un peu partout, nous même. Comme on a une formation en musique, on n’est pas gêné par les problèmes de technique, du coup on a une totale liberté sur ce que l’on peut produire. On a enregistré une bonne partie de l’album dans la cave et aussi des sons dans le métro. L’acoustique nous plaisait. C’est d’ailleurs pour ça que l’album s’appelle Rats… On était un peu comme des rats dans les souterrains, enfermés à faire nos trucs, et puis on en a vu pas mal du coup !

Vos projets ? Un troisième album ?

Marteen : On va d’abord tourner, faire plein de concert en Europe. Pour le troisième album on verra, on a évidemment des textes ou des mélodies dans nos tiroirs, mais on préfère se concentrer sur Rats pour le moment. Et, bonne nouvelle, on va jouer à Paris bientôt ! (Balthazar sera à La Cigale le 27 Novembre)

Et pour finir, pouvez-vous décrire votre univers en 3 mots ?

Marteen : Je vois de la fumée, des filles et… des rats !

Balthazar – The Oldest of Sisters
http://www.youtube.com/watch?v=D6aeACUCav0

Merci à Margaux Martin-Jarrand ([PIAS]) et à Marteen et Jinte pour cette interview.

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