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Noein – Infection-Erasure-Replacement

Quelques étoiles percent difficilement le ciel hanté par la pollution. Étendue sur le sol, elle observe ce spectacle si rare aux travers de ses larmes. Ses doigts frôlent doucement l’herbe. La caresse de la nature et la froideur du métal se mêlent sur sa paume, l’entaillant par endroits. Elle entend son souffle résonner dans cette forêt d’écorce et de mécanique. Le monde autour d’elle n’est plus qu’un infernal mélange de lierres métallisés et d’arbre rouillés. La profonde plaie en sa poitrine laisse s’écouler un lourd flot de sang. Le fluide vital se déverse dans sa gorge, l’étouffant dans ses sanglots. Les branches acérées se tournent doucement vers elle et s’approche. Son cœur bat avec force. Ses bras s’étendent sur le sol. Elle ferme les yeux et laisse ses souvenirs envahir son esprit.

Les guitares résonnent dans le studio d’enregistrement. Sous les riffs Deathcore, elle se place devant le micro. Sa voix gutturale, puissante et maîtrisée, qui n’a rien à envier à Angela Gossow d’Arch Enemy, Candice de Eths ou encore Alicia White-Gluz de The Agonist, entre en communion avec les lourds et dévastateurs accords. De cet enregistrement résulte treize titres dont le quintet normand peut être fier. Essoufflée elle repense avec bonheur à ses moments passés sur scène en première partie de Eths ou encore de Gojira… Elle se tourne vers ses compagnons avec un grand sourire. Enfin leur premier album Infection-Erasure-Replacement voit le jour. Evoluant dans un deathcore violent et parfaitement exécuté, le quintet ne se contente pas simplement de surfer sur le succès du style et flirte parfois avec le Cyber ou encore Death pur. Et c’est là que le groupe tient sa force. Noien dépeint dans cet album un monde froid, violent, mécanique, en proie à la surtechnologie où l’homme risque rapidement d’être remplacé par les machines si aucune prise de conscience ne se fait.

Un sourire triste se dessine sur ses lèvres. La pensée qu’elle a de cette époque lui réchauffe le cœur. Mais la vue de cette artificielle forêt lui glace le sang. Métal et robotique ont pris possession de la nature et du monde comme ils le redoutaient. Une larme coule le long de sa joue. Le souvenir de ses quatre camarades perdus dans la résistance contre l’artificiel lui serre les entrailles et lui noue la gorge. Elle observe une nouvelle fois le ciel embrumé de volutes chimiques. La caresse de l’acier froid des branches la fait frissonner. Ses poings se serrent une dernière fois contre la nature mécanique.

Noein – Nick of Time

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