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Yuksek Live – Studio SFR – 07.2011

Ce jeudi 7 juillet 2011 au Studio SFR avait lieu un événement pour le moins étrange. Yuksek jouait à 20h30 devant un public sobre. Ou presque. Rendons ici hommage aux deux types complètement allumés qui, par leur façon alternative de se trémousser, ont réussi à faire de ce pince-fesse une surboum tout à fait acceptable. Bless up. D’autant que pour passer les 23 rideaux de sécurité, il valait mieux montrer patte blanche. A se demander si nos deux lascars, qui ressemblaient étrangement à Quick et Flupke, n’étaient pas des chauffeurs de salles professionnels. Mais je m’égare. Reprenons au début.

Située à la jonction de deux quartiers, l’église de la Madeleine est un peu au 8e et au 9e arrondissements parisiens ce que le Mont Saint Michel est à la Bretagne et à la Normandie, ou encore ce que la haie du milieu est à monsieur Pichet et à monsieur Cruche (pour tout à fait crédibles qu’ils soient, les noms ont bel et bien été modifiés) dans une ancienne émission de Julien Courbet. On se livre une guerre intestine depuis des siècles entre voisins pour en réclamer la propriété. Situé à deux pas de l’église de la Madeleine, le studio SFR, lui, jouit d’une situation géopolitique beaucoup plus stable. On y respire la sérénité, l’harmonie retrouvée. La façade en est en verre, les très très (trop?) nombreux vigiles n’y ont presque pas l’air de vouloir porter atteinte à votre intégrité physique. Luxe, calme et hôtesses d’accueil galbées.

A l’intérieur, un détour par les toilettes s’impose. Non seulement parce qu’une envie pressante se fait sentir, mais aussi et surtout parce que les toilettes, on ne le répétera jamais assez, c’est un peu le miroir de l’âme. Dis moi à quoi ressemblent tes chiottes, je te dirai… enfin bref. Et question miroirs, l’âme du studio SFR, elle est plutôt bien lotie. Un labyrinthe de parois en verre, réfléchissant ou non. Aussi, après s’être mangé deux ou trois panneaux translucides en pleine gueule, décide-t-on de rebrousser chemin bredouille, persuadé que de toilettes il n’y a pas, que tout ça n’est qu’un vaste canular et que la seule raison d’être de cet enfer kaléidoscopique est de faire des économies sur le personnel d’entretien. Mais on a à peine le temps de bougonner que déjà, là-haut, les choses sérieuses commencent.

Si la plupart des projecteurs qui constellent le plafond de la salle sont restés désespérément éteints durant le show, l’arrivée de Yuksek et de ses deux acolytes sur scène a pour le reste été saluée par une débauche de moyens techniques en tous genres. Caméras, montées sur rails ou non, pour la retransmission en temps réel. Écran à dalles lumineuses floqué du nom du compositeur rémois derrière les musiciens. De quoi vous faire sentir que le petit Yuksek a pris du gallon et joue à présent dans la cours des grands. Et devinez quoi ? Même sans ça, on s’en serait douté. L’espace de 45 grosses minutes, le jeune homme a distillé son électro-pop acidulée à la perfection, enchaînant les combinaisons savantes et groovy derrière son synthé, poussant la chansonnette d’un joli brin de voix, saupoudrant le tout d’interventions à tendance humoristico-nonchalentes de bon aloi. Un vrai pro. Au passage, impossible de ne pas délivrer de mention spéciale à la jolie batteuse qui, bras parallèles au corps, buste figé, martelait ses pads électroniques avec la frénésie inquiétante d’un automate monté sur Duracell. Respect aussi au troisième larron, muli-instrumentiste, sur lequel je n’ai rien de spécial à dire, sinon qu’à l’instar des deux autres il faisait très bien son job et qu’il avait l’air d’avoir les cheveux soyeux.

Tout ça pour dire qu’on a passé un bon moment, d’autant que si le public était un peu frileux au début, dès la fin du troisième morceau, Quick a donné le signal du départ à Flupke (ou l’inverse, je sais jamais lequel des deux est le blond, lequel est le brun) et qu’alors c’est devenu carrément insane. Suivant les lois du mimétisme, mimétisme édulcoré mais mimétisme quand-même, l’assistance leur a emboîté le pas, traduisant leurs danses de Saint Guy en un battement de mains cadencé. Les plus furieux d’entre nous se sont même mis à dodeliner de la tête. Ouf.
Sur le chemin du retour, aux alentours de 21h30, je n’arrivais pas à trancher. Venais-je de vivre un moment magique en compagnie de la relève de la scène électro française, un concert privé pour lequel certains de mes amis auraient vendu père et mère, ou juste de me prendre un violent jet-lag de plein fouet ? Pff, 21h30 quoi…

Chronique réalisée par : Arnaud Barbey

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