James Lavelle ! Tout comme l’américain Trent Reznor porte NIN depuis 1988, Unkle repose sur le fameux DJ Londonien depuis maintenant seize ans. Sorti le 10 Mai dernier, « Where did the night fall », le nouvel album d’Unkle, nous propose un son recréé, samplé, psychédélique, toujours en instance de divorce avec les paradigmes habituels de l’électro, car non, Unkle n’est pas Vitalic, Mstrkrft ou encore We are Terrorists. Unkle est un concept en lui-même, une vision originale d’un processus de démarcation qui tire son histoire du label anglais « Mo’Wax » (« Plus de vinyls »), connu pour avoir diffusé le style de l’abstract hip-hop dès 1993.
Depuis la création du label en 1992, James Lavelle n’a cessé de créer et d’élargir la portée d’Unkle (originellement écrit U.N.K.L.E). Les collaborations se sont multipliées, et en 2007 le DJ londonien a créé le label Surrender All afin de distribuer les nouvelles sorties d’Unkle. Depuis Blockhead, RJD2, DJ Krush ou encore le grand DJ Shadow, Unkle a mixé abstract hip-hop, sampling, électro, trip-hop, rock psychédélique et sons électroniques des années 80/90 pour donner naissance à son profil atypique.
Magistral et puissant, « Where did the night fall » nous enveloppe d’un rock expérimental et volatile (Natural Selection, Ever Rest), à la fois expérimental, groovy, électro et afro-beat (Cage Bird, The Healing). Les compositions n’ont rien à envier à celles d’Archive ou Lamb. Toujours, Unkle restera hors-norme et original. Ensemble, James Lavelle et Pablo Clements nous emmènent sur les rives d’un son créatif, inspiré et oscillant, à l’image des ondes musicales que le groupe fusionne. Dès le premier morceau de l’album, on sent une recherche à double niveau, à la fois musicale et textuelle, le titre Nowhere formant un mot-valise reflétant à la fois « No where », (Nulle part), et « Now here » (Maintenant, ici). L’entrée en matière est une introduction au clavier typé années 90 à laquelle s’ajoute le murmure planant de samples vocaux (on retrouve également chant et samples aériens sur On a Wire, Joy Faction, Heavy Drug). Sur The Runaway, la rythmique électro-beat me rappelle Ez3Kiel, et sur Follow me down Unkle nous envoute d’un rock psychédélique avec la participation de Sleepy Sun. On croirait un instant que Björk s’est invitée sur l’album tant leur timbre de voix est similaire. Une collaboration qui fait incontestablement son effet. En effet, comme Tricky le fait depuis toujours, Unkle regroupe un grand nombre de guests sur chacun de ses albums. Pour « Where did the night fall », on découvre avec plaisir la participation de Gavin Clark, The Black Angels, Autolux, Big In Japan, Katrina Ford, ELLE J, Joel Cadbury, Gavin Clark, et Mark Lanegan. Le résultat est magistral et l’identité éclectique d’Unkle réaffirmée à l’image du collectif d’origine.
Indispensable, ce nouveau Unkle est surprenant de bout en bout, annulant l’effet de lassitude qui me contamine souvent à mesure qu’un groupe sort des albums. Expérimental et cohérent dans sa ligne musicale et les influences convoquées, Unkle a encore de beaux jours devant lui. Un grand album 2010 !
Label : Pias – Sortie : Mai 2010
Traclisting :
1. Nowhere
2. Follow Me Down (feat Sleepy Sun)
3. Natural Selection (feat The Black Angels)
4. Joy Factory (feat Autolux)
5. The Answer (feat Big In Japan (Baltimore))
6. On A Wire (feat ELLE J)
7. Falling Stars (feat Gavin Clark)
8. Heavy Drug
9. Caged Bird (feat Katrina Ford)
10. Ablivion
11. The Runaway (feat ELLE J)
12. Ever Rest (feat Joel Cadbury)
13. The Healing (feat Gavin Clark)
14. Another Night Out (feat Mark Lanegan)