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Minor Alps – Get There


Les grands disques exercent une attraction mystérieuse qui nous propulse dans d’autres mondes, mais les bons disques ont besoin de l’affinité active de l’auditeur pour peupler les notes de nos images fétiches et d’impressions vécues.
Ce duo Matthew Caws (Nada Surf) Juliana Hatfield publie un album agréable et bien tourné, toutefois l’entame de presque chaque chanson promet davantage qu’elle ne tient. Il s’agit peut être de ce chant à deux voix, la voix d’Hatfield un demi ton au dessus de celle de Caws, placées exactement dans le même temps, qui produit en moi un effet lénifiant. Particulièrement avec cette pop languide aux mélodies horizontales sur une trame de guitares brumeuses, dont les chansons finissent par toutes se ressembler.
Jubilation toujours teintée de mélancolie, confort dans la tristesse, ce Get There, excepté le rock de « Mixed Feelings » tranchant mais assez creux, demeure sagement assis sur les bases de Lucky, l’album le plus lisse de Nada Surf.

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Quant à Juliana Hatfield, je ne l’aurais pas reconnue sans un coup d’œil sur les crédits, toutefois je l’avais perdue de vue depuis son Only Everything de 1995. Le chant a perdu cette étincelle de maladresse un peu provocante et survole désormais sans accroc toutes les mélodies ouatées de cet album, de façon quelque peu anonyme maintenant hélas.
Un peu d’électronique dans la rythmique, une touche opportune de piano ou de violons (« Waiting For You ») souligne qu’il s’agit d’un disque très bien arrangé qui comporte quelques belles réussites : « Buried Plans », pour l’effet de surprise du début avec le chant en duo, « I Don’t Know What To Do With My Hands », nerveux et sans doute la chanson la plus Hatfield du lot, « Wish You Were Upstairs » pure confiserie mélodique à la Nada Surf.

Un album qui respire un certain confort, une sorte de paresse et d’immobilisme d’un pan du rock indépendant des années 90 avec deux artistes qui semblent désormais tranquillement installés dans la quarantaine. Le noir et blanc mal exposé de la photo du mont Ventoux en pochette, d’une laideur repoussante, paraît revendiquer ouvertement le succès d’estime habituel parmi le cercle des convertis. Espérons que Caws et Hatfield sauront nous surprendre et retrouver davantage d’enthousiasme pour leurs prochains disques.

Minor Alps – I Don’t Know What To Do With My Hands

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