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Lorn – Nothing Else

Sentez vous le vent qui tourne, il y a dans l’air comme une odeur de terre humide et dans le ciel comme une promesse d’orage, cette dépression atmosphérique qui nous provient de l’Illinois répond au nom de Lorn. Avec Nothing Else, ce jeune prodige de 23 ans signe un deuxième opus ombrageux d’une étonnante justesse. Pour sa première production hors de Los Angeles, le label Brainfeeder a frappé fort !

Déjà très sombre, Grief Machine, était marqué par l’utilisation de sonorités industrielles donnant à l’auditeur,  l’impression de parcourir un entrepôt désafecté. Un an plus tard et sous les bons conseils de Flying Lotus, Lorn a su maturer son univers en travaillant sur les ambiances. Il  joue désormais du contraste entre un dubstep chirurgical et d’émouvantes envolées mélodiques. Le résultat de cette chimie abstraite, un soluté sonore hautement immersif !

Expansif, le soluté envahit la pièce et nous submerge, parcourant chaque synapse, couvrant nos yeux d’un voile opaque … C’est par le cinématographique « Grandfather » que nous entrons dans le miroir, il y a cette horloge, dernier contact avec le monde réel et enfin cette première salve de beats qui nous secoue le corps, nous voilà comme une alice gorgée d’opium !

Puis la pièce se met a tourner si vite que les murs se déforment, le sample têtu de « None An Island » est un piège sans faille qui se referme sur nous. Tel est le talent de Lorn, une science avérée de la mise en scène qui pousse son auditeur à le suivre aveuglement … A marcher dans le rang en écoutant « Army of fear » sur le rythme des percutions militaires ou a s’abandonner à la douceur ambigüe de « Bretagne » … Car les nuages ne sont jamais très loin et l’angoisse nous guette, patiente. Abandon n’est pas tranquilité sur terres de Lorn.

Cette angoisse, qui nous étreint en parcourant cet « Automaton » aux deep-bass épaisses avant de sombrer, hypnotisés par Void (1&2) tout d’abord froid et industriel puis subitement émouvant … Toujours cette passion pour la mise en scène ici poussée à son paroxysme avec cet entracte qui sectionne le titre en deux comme pour mieux nous conditionner …

Un flottement, « Tomorow » quelques vapeur de méthane le sol est meuble, la marche est difficile … et d’un coup la délivrance,  « Glass & Silver »  puis « Cherry Moon« , sont une percée dans les nuages, un rayon d’espoir dans ce monde gris … Voilà les plus évidentes preuve du savoir faire de Lorn, provoquer l’émotion au moment le plus opportun.

L’orage est passé et la terre respire enfin, « Greatest Silence » et « What’s the use » clôturent cet opus dans un esprit apaisé et communicatif, on perçoit même comme une présence humaine, une voix lointaine mais réconfortante …

Nothing Else est une œuvre à  part, une expérience brève,(à peine un demie-heure) mais unique et intense !

Label : Brainfeeder – Sortie : Juin 2010

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Un petit bonus, voici le lien vers le premier EP de Lorn … ICI

3 réponses sur « Lorn – Nothing Else »

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