Catégories
A la une Interviews

Interview Souad Massi – Novembre 2010

A l’occasion de la sortie récente de son nouvel Album « O Houria« , Souad Massi à pris le temps d’une petite Interview pour Adn Sound …

Bonjour Souad Dans « O Houria » tu développes un hymne à la liberté, parles-nous de ce premier single …
J’ai choisi ce texte parce que c’est un thème universel. Dans le poème à la fin de la chanson, il y a presque les mêmes images que décrit Michel Françoise dans cette chanson. Le poète militait pour l’indépendance de l’Algérie. Le clip par contre a été critiqué par certains. Cela m’a parlé car je me sens proche de la terre, je voulais défendre les gens simples. La terre représente le retour aux sources et j’ai voulu me rapprocher de ce qui est vrai. C’est également un instant de réflexion. Le côté flou peu représenter quelqu’un de mystérieux et tout ça pousse à la réflexion, c’est ce que je voulais.

Pourquoi un album avec davantage de titres en français que les précédents?
En fait il y 4 titres en français, dont une en anglais. J’avais envie de chanter en français parce que j’estimais que c’était normal et naturel de remercier un public français fidèle, qui vient à mes concerts et m’encourage. C’est aussi dû à la rencontre que j’avais faite avec Michel Françoise qui est le collaborateur et le réalisateur de Francis Cabrel qui m’avait proposé des titres à lui en français, ça tombait bien. Le public français a été mon premier public en Europe. J’ai eu dès les premières notes un très bel accueil du public français. Mais j’ai constaté qu’il y avait des différences d’une culture à une autre, les anglophones ne réagissent pas pareil, ils aiment le côté pop-rock dans mes chansons. Quand je vais en Angleterre, par exemple, on me réclame des chansons très rock… Pour cet album je voulais faire quelque chose de plus pop-rock, je ne l’ai pas fait, je le ferai peut être dans le prochain. Dans cet album je me suis laissé encadrer par les deux professionnels que sont Michel Françoise et Francis Cabrel.

As-tu conscience que tu parviens à rendre à nos oreilles la langue arabe comme une douce mélodie?
C’est vrai qu’on me dit souvent: « toi, tu arrives à adoucir cette langue. ». Personnellement, lorsque j’entends de l’allemand, c’est dur aussi le côté guttural, mais lorsque j’écoute de l’opéra, les chanteurs lyriques, c’est agréable. Je pense que le ton qu’on donne à une langue joue beaucoup. J’étais en Belgique récemment, j’entendais parler les wallons, c’est pareil. En France, les langues régionales aussi. Je pense que c’est plus facile, c’est à la mode de casser la langue arabe aussi. On me dit souvent que l’on préfère mes textes en arabe, d’où ma peur de chanter en français.

Dans tes albums tu développes différents styles: rock, pop, folk, flamenco, fado… peut-on dire que tu es une artiste world?
Cela ne me gène pas. Certains me demandent si je ne trouve pas que cela est réducteur. Je leur réponds non car je me considère comme une citoyenne du monde, une artiste internationale. Pour certains artistes du monde signifie être enfermé dans un seul style, moi je m’en fous. Ce qui compte c’est la magie du public qui vient me voir sur scène. Après tout, c’est la maison de disque qui se prendra la tête, pas moi (sourires).

A 16 ans, tu faisais partie d’un groupe de rock en Algérie, Atakor, peux-tu nous en parler?
A 16/17 ans on a envie de faire le contraire de ses parents pour les embêter un peu, pour se rebeller et de rejeter sa culture. On est jeune, c’est un passage, on cherche tous à se démarquer, créer et construire sa propre identité aussi. J’avais besoin d’écouter du rock, du hard rock, AC/DC par exemple. J’avais de la colère en moi, plein de questions et cette musique était mon refuge. Je retrouve ça chez les gothiques notamment, ils n’ont pas peur des regards des autres car ils ont une vraie identité. Je vivais dans une société où il y a beaucoup d’interdits, dans une famille où quand on est une petite fille on aide déjà sa mère à faire le ménage…tout ça nous fait grandir vite. Il n’y a pas que des côtés négatifs, cela m’a forgé.

Plusieurs des morceaux de cet album ont des textes plus engagés, est-ce une nouvelle direction dans tes chansons?
Non, là j’ai été plus directe, je n’utilise pas de métaphore contrairement aux autres albums. Je raconte à l’état brut ce que je voulais dire. Par exemple dans « Une Lettre A… Si H’Med » je dénonce un maire corrompu qui se moque des gens, qui fait plein de promesses juste pour que les gens votent pour lui. En espérant que ça serve de leçon aux autres. Je parle des femmes battues. « Samira Meskina« , c’est l’histoire d’une jeune fille qu’on ne laisse pas sortir, qui est oppressée, qui vit plein de frustrations car elle ne peut pas faire ce qu’elle veut, elle a envie d’aller à la mer, en vacances, des choses toutes bêtes. Parce qu’elle n’est pas mariée elle ne peut y aller toute seule. En tout cas j’ai voulu traiter cela avec ironie. Cette envie m’est venue comme ça. Les choses sont dures, mais poétiques.

Je me suis sentie concernée par ça, j’ai eu envie d’en parler sans qu’on me le demande, c’est un vrai choix personnel parce que j’ai été confronté à ça. Samira Meskina est la soeur d’une de mes amies, j’ai rencontré des femmes dans des foyers de femmes battues. C’est ma façon aussi de participer à aider des associations comme celles-là. On parle beaucoup de la femme arabe soumise, mais cette femme je l’ai rencontrée à Paris et tous les jours des femmes meurent sous les coups de leur compagnon en France aussi …

Merci à toi Souad …

Une réponse sur « Interview Souad Massi – Novembre 2010 »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *