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Interview-Professor Psygrooves-3 ème Manche

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Ci desous, vous trouverez ce qui clos l’interview du Professor Psygrooves avec la dernière manche de notre partie de Ping Pong épistolaire. Encore merci au prof d’avoir pris le temps et le soin, de répondre à toutes nos questions, nous espèrerons que cette série d’échanges vous auront rendu curieux de sa musique car elle ne pourra que vous faire du bien !

Bonjour Prof,

Voici qui clôture notre petit match en trois jeux, ci dessous une dernière petite série de question qui je l’espère permettrons à tous de connaître un peu mieux !

Merci d’avance …

– L’artwork de la pochette est une forêt vue d’en bas, des feuillages donc, le tout retouché et un peu saturé, y avait-il un message dans cela, où était-ce simplement graphique ?

L’idée qu’on avait au départ avec Opti était de mettre en image le concept de l’album, à savoir une base organique avec des traitements « numériques » légers.

Je connais bien ces arbres-là, ils sont très anciens, mais d’une manière générale, j’ai toujours été attiré par les forêts, il y règne une impression de sérénité mêlée à une grande puissance, c’est très agréable… En revanche ce n’est absolument pas une sorte de message écolo-bobo à deux francs…

Mais je profite quand même de ta question pour placer une citation d’un chef indien qui dit à peu près ceci : « Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière empoisonnée, le dernier poisson capturé, alors seulement vous vous apercevrez que l’argent ne se mange pas ». Pour moi tout est dit sur ce qu’est devenue notre espèce, et quelque part les vieux arbres en sont les témoins.

– Suite à tes réponses de la deuxième manche, j’ai écouté ton morceau disponible sur la compilation « clinical jazz », tu sembles revenir à un free-jazz plus fondamental, avec quelques ponctuations numériques mais tu restes très proche de l’esprit des trios traditionnels … penses tu revenir sur cette base dans tes prochains projets ?

C’est une formule plaisante, même si en l’occurrence il s »agit d’un « fake » trio encore une fois, tout s’est fait dans le temps et la distance. Mais j’aime beaucoup un groupe qui s’appelle Triosk (ils ont sorti entre autres un abum sur ~scape avec Jan Jelinek) et j’aimerais me tourner vers ce genre de musique, en y ajoutant comme dans le morceau que tu cites une bonne part de traitements. Encore une fois tout dépendra des opportunités qui se présenteront et qu’on créera, mais j’ai encore de la matière dans mon sac de sport pour faire de nouveaux morceaux de ce genre…

– Suite aux phases d’enregistrement qui ont donné vie à Foreign Pulses and Borderline Dubs, te reste-t-il des sons que tu envisage d’utiliser plus tard, une sorte de fond de tiroir que tu souhaiterais laisser mâturer ?

J’y ai souvent pensé, et il m’est arrivé de sampler des éléments d’un morceau de l’album pour les utiliser dans un autre morceau de l’album, donc je dirais que c’est déjà plus ou moins le cas. Après j’aime aussi l’idée de créer de la matière et de la laisser dans un coin « après usage ». Tout dépend des besoins et des envies… mais c’est très possible que je pioche en effet.

– Et En parlant de projets, y a t-il des artistes à qui tu aimerais proposer de collaborer dans un futur proche ?

Les collaborations, même ponctuelles m’attirent beaucoup que ce soit pour des remixes ou des featurings. (j’invite ceux que ça pourrait intéresser à me contacter via myspace par exemple). Et dans l’idée d’un autre album ou d’un EP , j’aimerais travailler avec des vocalistes, sans idées préconçues pour le moment. J’aime l’idée de travailler avec ou à partir de la musicalité d’autres musiciens ou artistes, c’est enrichissant pour l’expérience et la musique. Mon album est en partie enrichi par cela et c’est un aspect que je ne laisserai pas tomber.

– Toi qui a une approche éloignée des standards de l’industrie musicale, comment aimerais tu que le « Grand Public » te perçoive, et d’ailleurs, comment vois-tu le positionnement de l’électro-jazz et du dub dans l’industrie musicale Française.

En ce qui me concerne, je crois que j’aimerais surtout que le « public » comme tu dis puisse se sentir touché par cette musique. On n’est ni dans une logique de show-business ni de grosse production hyper médiatique, mais j’ai un sérieux doute sur le fait que le gens ne prennent éternellement que ce qu’on leur donne comme l’industrie tend à nous le faire croire. Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui cherchent, creusent… sont curieux en somme. J’ai l’impression aussi, après plusieurs chroniques ou retours d’auditeurs, que cette musique peut a priori parler à pas mal de gens, il y a un peu de tout, pour (presque) tous les goûts, mais ce n’est pas formaté on est bien d’accord…

Pour ce qui est de l’électro-jazz ou du dub, je pense que le premier a eu en partie une diffusion très populaire, bien qu’un peu sélect au départ. Mais avec des « tubes » comme ceux de St Germain ou le pseudo-nu-jazz-chill-out-lounge pour les bobos (qui vont croirent que je m’acharne sur eux…), on a vu que ce style pouvait vendre, plein, et être donc dans l’esprit industriel des choses. Encore une fois je trouve qu’il y a à prendre et beaucoup à laisser dans ce « genre ». Donc à la fois on voit des choses qui sont tout à fait dans le process de grosse production, et qui pour moi ne sont pas tellement satisfaisante musicalement, et des choses très riches et novatrices qui passent un peu à la trappe.
Pour le dub c’est un peu différent, ça se répand très vite depuis une dizaine d’années (voire plus) mais c’est essentiellement lié au fait que les groupes ou Dj qui font ça jouent tout le temps et partout, c’est un genre d’omniprésence sur des scènes alternatives, voire plus ou moins « grand public » maintenant. C’est l’activisme qui fait l’existence médiatique plus que la démarche industrielle.

Je pense qu’en tant qu’artiste quand on veut défendre une musique, on ne se préoccupe pas en priorité de la place qu’on va prendre dans l’industrie, mais plutôt de celle qu’on va prendre modestement dans la culture, au sens de ce qui restera. L’industrie est pour moi à la fois le symbole de notre société et du consumérisme, mais aussi de quelque chose de très éphémère. Le star system n’a rien à voir avec la création et l’initiative artistique. Ce n’est pas forcément incompatible pour autant… Mais les logiques et les intérêts industriels ne sont pas vraiment liés à l’esprit, plutôt aux chiffres, et la musique ne vient pas de là. Enfin c’est mon point de vue…

www.myspace.com/prpsygrooves
www.virb.com/professorpsygrooves

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