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Benjamin Diamond – Love Overdose

Pendant longtemps chanter en anglais équivalait à une sorte de suicide commercial pour nos vaillants hérauts du rock hexagonal: Téléphone plutôt que Les Dogs, Noir Désir plutôt que Les Thugs, Niagara plutôt que Shakin Street, le choix du grand public demeurait inéluctable.

J’assimile le fameux tube Music Sound Better With You de Stardust, chanté par Benjamin Diamond, à cette vague French Touch des Daft Punk, Air, Modjo, cette mutation electro pop qui vers la fin des années 90 fit brusquement sortir l’hexagone de son statut d’idiot du village de la planète rock.

J’évite scrupuleusement d’utiliser le terme de scène rock, puisque loin des croisés en perfecto accablés par le labeur harassant qu’exige le fait d’arpenter nos salles de concerts mal sonorisées, nos sorciers postmodernes sans visages hantaient les platines de DJ puis les studios pour énoncer un nouveau langage électroniquement international, tout juste teinté de cette vague distance ironique, de ce parfum mode qui charme encore les dandys et les élégantes transatlantiques.

Cela dit, l’intonation, la façon d’utiliser la respiration dans le chant de nos frenchies demeurent assez uniformes, assez artificielles, mais cela correspond à cette musique hédoniste qui n’en pense pas moins.

Avec Love Overdose, Benjamin Diamond, signe un petit 5 titres (dont deux versions alternatives d’Assassin Assassine) avec deux chansons en français qui dévoilent une voix un peu murmurée qui m’évoque le fantôme de Gainsbourg et le timbre d’Etienne Daho. Deux belles réussites, Assassin Assassine et son ambiance un peu trouble, palpitante, puis Sur La Grève, beau croquis qui déroule presque tous les changements progressifs de textures des claviers, des basses, venus des années new wave.

Beautiful Fever, trop alangui et de nouveau chanté en anglais m’a laissé de marbre et je n’éprouve guère d’intérêt pour les multiples versions d’une même musique avec les déclinaisons d’ Assassin Assassine.

Peu importe finalement tant sur deux titres Diamond réussit, avec une musique qui joue sur le contraste entre les rythmes pulsés et des sons étirés et fantomatiques, une alchimie auditive assez mystérieuse et insaisissable pour constituer une invitation au rêve.

Les mots murmurés restent vagues et les arrangements ouvrent l’espace et évoquent le silence entre les nappes de synthés.

Un beau single qui m’évoque les premiers disques que j’écoutais lors des années 80. Je ne comprenais que des bribes de sens parmi les mots d’ Human League, OMD ou des Pet Shop Boys, ce qui évidemment rendait pour moi leur musique plus fascinante encore.

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