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Angus and Julia Stone – Down the way

Voilà déjà plusieurs années qu’Angus et Julia Stone occupent la scène musicale australienne, sans que leur talent aient véritablement envahi l’Europe. Et à tort… La sortie de leur deuxième album en avril, Down the Way, est l’occasion de se rattraper.

En effet, connus et reconnus dans leur pays natal, l’Australie, dont ils ont séduit les radios et festivals depuis plus de quatre ans, bénéficiant de collaborations plus qu’honorables (un membre de Travis les a ainsi repérés), Angus et Julia Stone ne bénéficiaient que d’une visibilité réduite chez nous. Mais Down the Way pourrait changer la donne. Certes, le frère et la sœur se situent dans une pop-folk mélancolique assez classique, mais pas moyen de le nier : ça marche ! Impossible de déterminer exactement ce qui enchante dans cet opus : l’alternance entre la voix enfantine et ébréchée de Julia, et celle de son frère, plus rauque et désespérée, à mi-chemin entre Damian Rice et Tom McRae ? L’instrumentalisation sobre et efficace ? L’ambiance mélancolique de l’ensemble ?

Toujours est-il que les fans de folk mélancolique mais apaisante auront du mal à s’en défaire. A l’écoute, naît un sentiment familier, comme celui du chez soi, ou peut-être celui d’être le bienvenu dans le salon vintage des Stones. Alors n’attendez plus, asseyez-vous sur leur canapé mille fois fréquenté, dans le confort d’un intérieur cosy, où Julia vous servira le thé pendant qu’Angus vous susurrera une de leurs mélodies au coin d’un feu crépitant (ou l’inverse, qu’on préfèrera peut-être).

Alors, qu’ils soient frère et sœur est peut-être l’une des raisons du talent de ce duo, mais pas seulement. Cependant, cette caractéristique mérite d’être mentionnée car ces deux-là parviennent parfaitement à s’accorder, sans que l’un ne vole la vedette à l’autre. Pas de lassitude à cause d’une voix lancinante tout le long de Down the Way, pas d’incohérence malgré leurs différences : au contraire, ils réussissent remarquablement à s’accompagner l’un l’autre (par exemple sur « For you » ou « Santa Monica Dream »), Julia adoucissant les éraflures d’Angus quand elle est aux chœurs et lui donnant plus de profondeur à la voix de sa sœur, quand celle-ci pourrait tomber dans des intonations trop pop.

Et c’est indubitablement cette voix qui séduit sur Down the Way : évoquant parfois la Jewel des tout débuts, Julia n’aura aucun mal à séduire l’auditoire, malgré la mièvrerie parfois douteuse de ses paroles (sur « For you » : « If you love me, I’ll make you a star in my universe »…). Sans tomber dans l’insupportable pop de filles, elle caresse les oreilles, entre adolescence, pétillement et mélancolie. Toujours envoûtante, elle nous invite à prendre part à ses états d’âme, qu’ils soient plein d’espoir ou de résignation (comme sur « I’m not yours », où l’envie naît de l’aider à faire s’envoler sa voix, loin de ce en quoi elle ne croit plus). Heureusement, Angus n’est pas en reste, et se fait à son tour extrêmement émouvant sur le dernier morceau, « The devil’s tears ». Y excellant dans une folk mélancolique certes classique, il n’a aucun mal à s’attirer les faveurs de tout un public.

Angus et Julia Stone maîtrisent donc les fondamentaux de la folk. A tel point que Down the Way contient plus d’un tube potentiel, parmi lesquels « Black Crow », « Big jet plane » ou encore « Yellow Brick Road ». Mais c’est surtout « And the boys », le septième morceau de l’album, qui est à écouter en boucle pendant des heures, et sans culpabilité. Versant tantôt vers la pop, tantôt vers la folk, ce morceau résume parfaitement toute l’atmosphère de Down the Way. A regarder le clip, on comprend immédiatement l’esprit de l’album : des images successives de petits rien (une cage à oiseaux, un frôlement de main, un abat-jour vieillot…) et surtout la position fœtale de Julia qui, tout au long du morceau, se déploiera progressivement pour finir dans une danse-farandole, sous un dehors printanier et entourée de nymphes mi-hippies mi-enfants. Quelque chose de rafraîchissant, que l’on retrouve dans tous les morceaux des Stones, malgré la mélancolie. Ici, la trompette d’Angus emporte l’auditeur dans une innocente fanfare qu’illumine le sourire vocal de Julia. Et comme le chantent les paroles, ce qui tombe du plafond de ce monde, c’est effectivement de l’or… Chez Angus et Julia Stone, il n’y aura pas de tentative de révolutionner la musique, pas d’esbrouffe pour étourdir l’auditeur, pas de surcharge instrumentale ou vocale. Juste le talent et le charme, auxquels qui résisterait ?

label : Discograph – Sortie : Avril 2010

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