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Interview – Professor Psygrooves – 1er Manche

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Il y a des fois où la distance ne facilite pas les choses, notamment en ce qui concerne les interviews … Je prends pour exemple le cas du Professor Psygrooves, qui vit en province et ne pouvait pas monter sur Paris avant un certain temps, tandis que de mon côté je suis  sur Paris et je ne pouvais pas descendre avant tout aussi longtemps.

Tous deux pourtant forts motivés par une petite Interview, nous avons choisi de vous faire part de nos échanges de mail afin d’enrichir les questions au fur et à mesure … nous avons choisi d’appeler ce procédé « Interview Ping Pong » … et ci dessous vous trouverez la première manche !

Bonjour Prof,

Merci d’avoir accepté, cette Interview, sur le principe d’une partie de Ping Pong à la sauce épistolaire, voici donc une série de questions que je te propose d’aborder comme une base de réflexion …

Merci par avance de tes réponses,

Williams

Donc Prof, ton album « Foreign Pulses and Borderline Dubs » est la frontière entre le dub et l’électro-jazz, comment te positionne tu par rapport à ça ?
Je n’ai jamais réellement cherché à me positionner sur une esthétique particulière.  le dub et l’électro-jazz sont deux genres tellement vastes que pour moi ça ne veut pas (ou plus) dire grand chose. Pour le premier, je n’ai par exemple jamais vraiment écouté de dub roots, ni de steppa ou autre « uk dub ». Les riddims trop redondants ou trop électro ont tendance à me décevoir, et je préfère les bonnes vieilles pompes de clavier quand elles se font discrètes. Je trouve que le dub est parfois un peu lourd et manque de finesse. C’est plutôt l’approche du son, des effets qui m’a attiré. Pour le second, à mon sens il y a de tout dans ce terme, du meilleur au pire. En ce qui me concerne j’y vois le moyen de réunir la musique acoustique avec le traitement électronique. Mais le côté hype et grand public me semble un peu pervers…

Concernant le procédé de fabrication de ta musique, pourrais tu entrer dans les détails, comment as-tu pensé tes morceaux, as-tu défini une ambiance auprès de tes musiciens au  préalable ?
J’ai voulu garder un esprit intuitif, libre, qui puisse donner une impression de « musique de l’instant », quelque chose de spontané. C’est pour ça qu’à la fois pour les deux musiciens (guitares et clarinettes) qui ont contribué à cet album et pour mes propres apports, l’idée était de partir d’une base assez minimaliste, une boucle, un sample, une phrase, pour laisser libre champ à l’improvisation. A partir de cette matière sonore, que j’ai découpée, triturée, éditée, j’ai pu construire des morceaux cohérents. Je n’ai commencé aucun des morceaux de cet album en sachant à l’avance où j’allais arriver. C’est quelque part la musique qui s’est construite d’elle même.
En fait, l’idée c’était de donner l’impression d’un groupe, un « fake-band », dans lequel chacun des membres (le plus souvent moi même du coup, c’est un peu un dédoublement…) s’exprime à sa manière.

Le truc aussi, c’est que j’ai vite été déçu par la redondance des rythmiques dans les musiques électroniques. Je ne dis pas que ça n’a pas d’intérêt, mais je n’y trouvais pas ma place. En tant que batteur et musicien acoustique, j’avais besoin que ça bouge, que ça change, qu’il se passe des choses. Je crois que c’est vraiment cette approche qui est devenue le fil conducteur de ma démarche.

Quelles ont été tes influences majeures, et qu’est que cela a pu avoir comme conséquence sur ton parcours musical.
Il y en a beaucoup. Mais je dois avouer que l’artiste qui m’a les plus éveillé sur les possibilités offertes par le traitement électronique et la chaleur qu’on peut donner à ces musiques, c’est Burnt Friedman.  Je crois que c’est le producteur dont j’ai le plus suivi le travail . Au départ , le premier projet qui m’a mis une claque, et dont les effets se ressentent encore, c’est l’album « Midnight Sound » de Flanger (N-Tone). Et ensuite toute sa discographie, solo ou avec d’autres.
Bien sûr ce n’est pas ma seule influence, j’ai beaucoup écouté Pink Floyd, Can, Jaga Jazzist et aussi Pole, Pivot (leur premier album surtout), Triosk, Andrew Pekler, Matthew Herbert, Amon Tobin, Ez3kiel…. et plein d’autres encore.

L’influence se situe à la fois au niveau de l’approche du son et du mélange entre acoustique, textures et effets… J’ai le sentiment d’avoir fait mon chemin dans tout ça, en piochant.
D’un autre côté je ne suis pas un très grand « consommateur » de musique, j’aime évidemment écouter le travail des autres, mais j’aime aussi me retrouver face à la mienne et y mettre tout ce que j’ai envie d’entendre.

Une dernière question, pourquoi le Professor Psygrooves ?
Professor c’est tout simplement  parce que j’étais enseignant quand j’ai choisi mon pseudo, ça n’a absolument rien de prétentieux !
Et Psygrooves, c’est un jeu de mot avec mon nom de famille, avec un « o » en plus pour le groove, et aussi un « p » pour le « psy » qui donne le côté à la fois abstrait, barré et réfléchi de ma démarche.

Au départ c’était un pseudo comme ça, sans autre intention, et au final je trouve que ça résume plutôt bien ma manière de voir les choses, musicalement et en général…

Suite à la prochaine manche !

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