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Aufgang – Istiklaliya

Ayant découvert Aufgang à la sortie de leur premier album éponyme, j’étais très impatiente de savoir ce que devenaient ces trois là. Il faut dire que leur rencontre met la puce à l’oreille. Rami Khalifé et Francesco Tristano, deux pianistes classiques, étudiants à la prestigieuse Julliard School de New-York, se sont associés à Aymeric Westrich,  compositeur, producteur et batteur au sein du groupe Cassius. C’est en 2005 qu’ils démarrent vraiment l’aventure. Ce printemps, ils sortent Istiklaliya, un deuxième album beaucoup plus accessible, mais tout aussi novateur, entre piano classique et électro inspirée. Pour l’occasion, je les ai rencontré autour d’une bière. Une entretien pour le moins ingérable. Les trois gamins d’Aufgang  ont donné à cette interview un air de colonie de vacances.

Istiklaliya veut dire « indépendance » en turc. Sans concession et baroudeur, voilà qui résumerait bien leur musique. Sur Balkanik, les pianos prennent des airs gitans tandis que sur African Geisha, comme son nom l’indique, le son se perd entre deux continents. Mais avant tout, l’album s’ouvre sur Kyrie. Un accord plaqué, un rythme lancinant. Aufgang se fait moins expérimental : « On voulait moins se prendre la tête, en privilégiant les grosses prises. Le premier album était une espèce de puzzle, extrêmement monté. Aujourd’hui, on est beaucoup plus spontané, on se rapproche plus de ce que notre musique donne en live », explique Aymeric, le batteur. « Ca fait plaisir de pouvoir plaire à un plus grand nombre, même si c’est pas le but premier du groupe ».

Entre deux réponses plus ou moins sérieuses, les trois copains -si, ça pue la bromance, même s’ils aiment  répéter qu’ils ne peuvent « plus s’encadrer depuis 2006 »– s’amusent à montrer leurs photos de vacances, à se chamailler, à enregistrer des « bonjours » au dictaphone ou à se battre pour savoir qui finirait les olives. Difficile de garder le fil.  « Un vrai musicien classique ne déconnerait pas comme ça en interview » s’amuse Francesco. Rami se souvient : « le monde classique ne nous a pas vraiment excité. La droiture, les codes, la façon de s’habiller… Ca ne nous convenait pas vraiment ».  Trop indépendants, justement, trop « Istiklalilya »,  et même les uns par rapport aux autres. Par exemple, chacun a son titre fétiche sur l’album : Rachael’s Run pour Rami, Diego Maradona pour Francesco. Aymeric, lui, préfère Vertige. Avec son intro presque angoissante, son rythme rapide et surtout la partie où le piano, avec une seule note répétée, prend le relais sur la partie électro,  ce titre fait remonter la tension en milieu d’album. Côté influences, ils ne sont pas forcément d’accord non plus. Si Aymeric est plus rock, Rami se sent inspiré par la musique traditionnelle indienne ou arabe. Quand on leur parle de coup de cœur musical, ils répondent pêle-mêle « Siriusmo, artiste électronique allemand , qui sample pas mal de Stevie Wonder, de soul »,  « Brandt Brauer Frick, duo allemand, plus minimal que ce qu’on fait, mais joué, avec une batterie, un clavier » et… La Mer de Debussy. Un mélange des genres qui leur convient parfaitement, sauf quand ils retombent dans le « trop expérimental » comme sur Abusement Ride.

Pour résumer, Istiklaliya est pour le moment l’album le plus abouti d’Aufgang, le plus agréable à écouter, et un véritable coup de cœur. Vivement la suite ! « On a beaucoup de titres dans les tiroirs. Pour cet album, on avait prévu le double. On va faire deux ou trois slide EP, mais on réfléchi déjà au prochain album.  On veut enregistrer un live, pourquoi pas sur DVD ».  A bon entendeur.

Aufgang – Kyrie

2 réponses sur « Aufgang – Istiklaliya »

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