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Paul McCartney – New

J’ai retardé aussi longtemps que possible l’écriture de cette chronique, notamment parce que l’idée de chroniquer l’album de Paul McCartney me met à peu près dans l’état d’excitation de l’enfant qui aperçoit une énorme boîte cadeau qu’il lui sait destinée au pied de l’arbre de Noël familial.

Et puis une succession de pensées étranges défilent au fil des écoutes de New: le meilleur album que l’on pouvait espérer aujourd’hui de McCartney, tout bonnement l’album de l’année, un disque compagnon, un endroit où s’arrêter et rêver un peu hors du tourbillon du quotidien.

Même si Sir Paul n’arrête quasiment jamais de façonner du disque depuis 1962, je n’attendais plus qu’il nous fasse encore le coup du come back malgré un Memory Almost Full inégal mais intéressant puis un Kisses On The Bottom plein de charmantes vieilleries et du piano classe de Diana Krall.

Aucune tentation de crier au chef d’œuvre irréprochable tant la voix a perdu en ampleur et se fait fragile et ténue lorsqu’il s’agit d’atteindre certains registres dans l’aigu. Une production épaisse, souvent moderne et clinquante avec des sons de guitare rasoirs et des accords de claviers aux contours tremblés. Oui mais cette mise en son concourt à cette vivacité, cette vitalité qui pulse et sublime les quelques limites vocales. Paradoxalement, bien des arrangements semble t’il étalés à la truelle ou au pro tools n’empêchent pas de savoureuses subtilités : la touche hindouisante fin sixties, le synthé à la Electric Light Orchestra qui serpente au dessus du thème, une insidieuse montée orchestrale qui couronne une délicieuse balade pièce montée.

Autant le préciser maintenant, McCartney déploie toute la variété de son registre de compositeur sur ce disque : rocks nerveux, rêverie électronique, deux balades déchirantes mais dignes, gâteries pop funky, solaires et swinguantes, et enfin le splendide morceau à la Beatles (New).
Et tout y est excellent, parfois magnifique même ; les intonations du chant, des intros ciselées, les changements de rythmes entraînants et les atmosphères prenantes, les moments d’émotion sur lesquels il a l’élégance de ne jamais s’appesantir.

On savait bien depuis Ram, Back To The Egg, McCartney 2 et The Fireman, que l’oncle Paul pouvait quitter la romance lisse et arpenter toutes les rives de cette pop music qu’il a avec ses copains en grande partie placée sur la géographie de notre culture. Ces sons du passé, du présent et du futurs entremêlés, serait ce une sorte de coffret à trésors placé là comme un dernier inventaire et la conclusion d’une carrière enchantée ?

Mc Cartney était le numéro un, n’ a jamais cessé de l’être et malgré le temps écoulé et tous ces disques plus ou moins bons voilà qu’il l’est encore aujourd’hui.
Et qu’est ce que ce Road, fantastique solitude étoilée secouée d’abrupts crescendos, sinon l’écorce du talent de David Bowie possédée par l’insolent talent de Sir Paul ?

Macca fouille la boîte à outils du rock actuel, en sort les sons reflets de la part de violence et d’absurde du présent, mais au final l’amour, la joie de vivre et la fantaisie émanent irrésistiblement des chansons et de ce chant à la fois changé et si reconnaissable.

Tout cela imprégné de l’expérience d’une vie dont on peine à se représenter les hauts vertigineux et les bas dignement traversés avec un sourire un peu bravache, ironique, modeste aussi. Voici un disque baume, une somme où chaque chanson recèle des nuances qui apparaissent puis mûrissent à chaque écoute, le disque d’un homme en accord avec lui même et son immense talent.

Paul McCartney – Queenie Eye

2 réponses sur « Paul McCartney – New »

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