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Mika – The Origin Of Love

Il aura fallu deux tours de table de la rédaction pour que votre serviteur, sans aucune opposition, s’empare de la chronique de l’album The Origin Of Love de Mika. Jusque là mon exposition au phénomène restait limitée à l’ écoute forcée d’Happy Ending dans la file d’ attente de l’ hypermarché, écoute qui m’ avait laissé assez enthousiaste devant les mélodies gracieuses, la vulnérabilité du chant alliée à de superbes chœurs féminins et à ces violons qui font monter l’ émotion comme une vague.

Bref j’ avais envie de croire en ce mouvement vers l’ évidence mélodique, le plaisir et les arrangements astucieux et accrocheurs à la Killers ou Scissor Sisters. La première chanson Origin of Love touche en moi la fibre du principe du plaisir, de la célébration de l’amour, avec son rythme délicat qui fait monter la tension, de surprenants  chœurs d’ église qui laissent place à un chant passé au vocoder qui déclame : Thank God that you’ve found me.

Malheureusement la suite de l’album s’apparente à la descente rapide d’un toboggan vers un réservoir de recyclage des eaux usées tant le genre de musique que pratique Mika dépend pour enchanter d’une certaine fraîcheur, d’une étincelle qui rend la ritournelle engageante et dont j’ ai vainement cherché la trace après cette première chanson.

Malgré tout son talent pour construire des trames d’ accords de claviers sautillants alliés à une rythmique syncopée, qui semblent annoncer une régalade pop, Mika énonce, de ce chant qui décompose exagérément chaque syllabe, des airs déjà usés, des progressions d’ accords téléphonées, digestion conformiste et simplifiée à outrance de décennies de fusion pop dance, ce qui rend l’ album anonyme et fastidieux .

Les ombres de Freddy Mercury, George Michael et de Robbie Williams pèsent lourdement sur le chant et la quasi absence de véritables instruments de musique finit par donner une impression de froideur en contradiction avec la jovialité affichée.
L’intervention de chœurs scandés et de violons de synthèse sous fond d’ électronique euro disco tente vainement de créer une impression de solennité (Underwater), à moins que le chant en falsetto ne répète compulsivement « Overrated » sur fond de boucles de synthés  glougloutantes dans une tentative d’hymne techno (Overrated).

Step With Me se distingue par des couplets étonnamment sirupeux et un chant féminin qui tente d’animer un refrain scolaire.
Mika s’essaie au rap pour adolescentes avec Popular Song ; paroles vulgaires, refrain d’une  série TV imaginaire pour pom pom girls en hyperventilation.

A ce stade le lecteur aura sans doute compris que dans une certaine mesure The Origin of Love ne relève plus de la critique musicale ; autant attendre une critique cinématographique de Resident Evil 5 par le fantôme de Serge Daney. Cette musique est probablement davantage faite pour danser avec un coup dans le nez, faire de l’ aérobic, laver ses carreaux ou exhiber son auto radio dans le voisinage.
Ce disque, même pas mauvais en fait, juste tristement creux, s’apparente juste à ces « grosses machines » médiatiques à la recherche du plus petit dénominateur commun pour fédérer les milliards de consommateurs.

Je m’ en voudrais de souhaiter un bide à un chanteur aussi sympathique que Mika, mais j’ espère sincèrement que les lecteurs sauront préférer au surgelé et aux colorants une musique plus proche de l’ expérience de chacun.

Une réponse sur « Mika – The Origin Of Love »

Pas d’accord avec cette critique. Il se dégage de cet album de la joie et de l’énergie. Les instruments, bien que travaillés sont des instruments réels. Je crois que vous avez loupé le second degré dans Popular song (« sarcastic » dit la chanteuse, qui fait un duo très réussi avec Mika). Step with me s’apparente à une recette. De même, Underwater, pas solennel mais inspiré. Celebrate et Overrated, certes mieux à danser qu’à écouter mais globalement de la bonne pop avec le mélange si particulier à Mika de doux-amer, paroles cinglantes sur musique sucrée ou joyeuse. Heroes est tout simplement magnifique. « Elle me dit »: les pieds bougent tout seuls et ces paroles à double sens… Plaisir, énergie et sourire en coin et sincérité, pas cynisme mercantile.

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