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Adrian Crowley – Season of the Sparks

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Moins de quarante minutes, c’est le temps qui vous sera imparti pour découvrir le dernier album d’Adrian Crowley, Season of the Sparks. Le chanteur irlandais n’en est pas à son coup d’essai : déjà fort de quatre albums remarqués par la critique, voilà qu’il enrichit encore la folk de sa patte particulière. Une folk qui chante un monde merveilleux, où la nature occupe une place prépondérante, mise en valeur par une voix et un instrumental riches, aussi bien constitué des traditionnels guitare et piano, mais aussi d’autres instruments plus surprenants.

Le ton est donné dès le premier morceau, « Summer Haze Parade ». Un son patiné, une voix caressante, et puis quelques notes issues d’instruments féeriques… nous voilà embarqués dans la parade estivale d’Adrian Crowley. Une parade estivale ? La joie des beaux jours ? L’insouciance des après-midi ensoleillées ? Hélas – ou tant mieux pour nous – tout le monde n’a pas le même été ; et à associer le spleen à l’automne, on aurait tôt fait d’établir des raccourcis hâtifs.

L’été arrive donc trop vite pour débarrasser Adrian de sa poésie surannée. Une poésie qui nous donne à entendre un monde presque enchanté, peuplé d’énigmatiques personnages : les trois sœurs de « Three Sisters », la femme de l’apiculteur de « The Beekeeper’s Wife » ou encore les chevaux de « Horses Like to Dream All Night ». Ce n’est pas l’instrumental qui contredira cette impression d’entrer dans un monde quasi folklorique : tambourin, xylophone, élans lyriques des cordes… Voilà un bel accompagnement musical pour les ballades d’Adrian Crowley, chantées d’une voix parfois voisine de celle de Chris Martin, où résonnent les promesses de minuit.

Même si l’auditeur a l’impression d’entrer dans un monde de fables et de légendes, au détour duquel on s’attend à rencontrer quelque intrigante créature, Season of the Sparks n’en est pas pour autant inaccessible. Au contraire, et c’est là la prouesse d’Adrian Crowley, qui parvient à imposer sa personnalité tout en séduisant un auditeur étranger à son monde. Quelque chose d’extrêmement doux, invitant à s’arrêter quelques minutes près de lui, au bord de son arbre à méditation, s’arrêtant pour écouter le chant des oiseaux qui lui-même en devient agressif. Et s’il était encore besoin de convaincre, un titre comme « The Wishing Seat », plus marketing que le reste de l’album, s’en charge. Ses alternances mélodiques, entre lyrisme instrumental et douceur vocale, accrochent l’oreille, incapable de trancher entre la mélancolie de cette voix et la majesté des intermèdes instrumentaux. Pour plus de simplicité – mais également de mélancolie – il y a « Horses like to dream all night », entamé par un très solennel voix – piano, avant d’être magnifié par de bien tristes cordes.

On ne cherchera donc pas d’impressionnants élans vocaux dans ce dernier album, mais plutôt un chant caressant, languissant voire mélancolique, qu’accompagne à merveille un instrumental riche. Adrian Crowley prend son temps : pas de surplus de paroles, pas de rythme effréné, invitant l’auditeur à s’arrêter au milieu de la frénésie, pour quarante petites minutes. Un peu comme s’il nous conviait autour de la cheminée, entonnant pour nous seulement ses dernières trouvailles. Cette intimité, les fables que chante Adrian et les mélodies parfois proches d’un chant traditionnel, répétitif et pourtant captivant ; ce sont les ingrédients de cet album, redoutablement efficace.

Et maintenant, qui aime rêver toute la nuit, les chevaux de « Horses Like to Dream All Night », Adrian Crowley ou bien nous, qui pourrions écouter cet album avant de nous endormir, comme une invitation onirique à remplir nos songes de ces abeilles, arbres et autres merveilles de la nature ?

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