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Sara Schiralli – Bang Bang

Bang Bang, le premier album tout frais de Sara Schiralli, m’est tombé entre les oreilles un jour d’été. Il y avait déjà plusieurs semaines que j’avais choisi de le chroniquer, sans l’avoir encore écouté. Autant dire que les torrents estivaux avaient effacé presque tout souvenir de ce choix. Puis septembre vint se rappeler à mon bon souvenir : j’avais des chroniques en retard. Piochant dans la – courte, je vous rassure – liste de mes engagements non tenus, Sara Schiralli est élue au premier tour. Dès la première écoute, je suis totalement séduite par les mélodies entraînantes de la demoiselle – le single « Paranoid » au premier rang, suivi de près par l’inoubliable « Don’t miss what you never had » – et charmée par sa voix à la fois enfantine et profonde. Quasiment tous les morceaux me restent dans la tête : les arrangements de « Roll the dice » magnifiquement accompagnés par la voix plaintive mais pas larmoyante de Sara Schiralli ; le refrain de « So raw » qu’on a envie d’entonner aussi ; le très pop « Tufnell park », mon morceau préféré… Il est trop tard, le maléfice a fait son effet.

Mais ce n’est qu’au moment de l’écriture que je m’en aperçois. Enchantée de mes écoutes répétées, je ne me doute pas encore du sortilège dont j’ai été la victime. Je m’attèle à la tâche, le cœur guilleret. Et là, stupeur : l’errance cybernétique, ressource habituelle du chroniqueur curieux, ne mène absolument nulle part. Malgré mes assauts répétés, l’infaillible Google reste quasi muet et YouTube me fait gré de quelques trop rares vidéos (un enregistrement de « Don’t miss what you never had » ou le clip de « Paranoid »). Epuisée, je suis contrainte de reconnaître ma défaite. Tout ce que je saurais, c’est que Radio Nova a pris Sara Schiralli sous son aile, ce qui lui a déjà permis de se faire une petite place sur la scène parisienne (elle a déjà rendu visite au public de la Bellevilloise pour les Nuits Zébrées, à celui de la Flèche d’Or et sera bientôt au Café de la Danse). La panique m’envahit : sans mes repères habituels, comment pourrais-je m’en sortir ? Comment convaincre le lecteur d’ADN Sound de la qualité de Bang Bang sans références solides ? Se raccrocher à des arguments objectifs, comme la qualité des arrangements ou l’entrain des morceaux, serait malhonnête car, depuis longtemps, l’objectivité a déserté les lieux. Qu’est alors censé faire le chroniqueur privé de ses armes habituelles ? Ecouter, simplement écouter. Il s’assoit tranquillement, arpente les espaces, son mp3 dans les oreilles, traverse les émotions, secouru par cette douce voix, qui lui ferait presque relativiser ses propres émois, accompagné dans ses joies et douleurs par la pop folk de Bang Bang …

Qu’inspire alors l’écoute de Bang Bang ? Du dynamisme d’abord, une trompeuse mélancolie transperce parfois, une innocence, un appétit de vivre, car même si son cœur saigne (« Stolen » ou au sens propre « My bleeding heart »), Sara a encore la force de chanter cette douleur, comme si ce chant suffisait à la délester de toutes ses douleurs sentimentales. Une fois passées les premières impressions, on en vient évidemment à chercher des points de comparaison. Le côté adolescence dynamique, joyeuse révolte et pop sautillante me fait fouiller dans ma discographie de l’époque. Heather Nova, Jewel ou la moins connue Barbara Gosza sont les noms qui surgissent. Mais ce serait une erreur de s’en tenir là, car la voix de Sara Schiralli est bien plus que le cri tantôt enjoué tantôt désolé (« Where definite lives ») d’une post-adolescente malmenée par ses émotions. Sur certains titres, la voix veloutée, les rythmes et arrangements révèlent une subtilité qui fait toute la richesse de cet album. On pense parfois à Keren Ann (comparaison évidente sur « Bang Bang »), puis l’instant d’après à Coralie Clément  (« Need some feeding », pour l’instrumentalisation et le rythme), pour même évoquer les reines de la pop dans sa rage (l’énergie et le rythme de « Tufnell Park »).

Alors au-delà de cette variété de références, pourquoi le Bang Bang de Sara Schiralli vaut-il le détour ? D’abord parce que cette plongée dans une pop post-adolescente intelligente est diablement revigorante. L’exposé des déchirements sentimentaux de la jeune chanteuse réveille forcément la midinette cachée dans chaque auditeur et, que ce soit l’atmosphère, les mélodies ou les paroles ; tout est là pour une cure de jouvence et surtout, un bain de sentiments et d’émotions dont la pureté n’a d’égal que le timbre de Sara Schiralli. Ensuite, pour la qualité des arrangements, qui font que l’album s’élève largement au-dessus de la pop pure. Les cuivres comme la délicatesse des cordes, les originalités (les clochettes et voix de haut-parleurs clôturant « This moment » ; la quasi-fanfare ouvrant le titre-phare « Paranoid »…). Et enfin, simplement parce que vous n’aurez pas le choix : Sara Schiralli a à coup sûr de très beaux jours devant elle. Alors laissez-vous faire…

Label : AZ / Universal – Sortie : Octobre 2010

http://www.youtube.com/watch?v=2FiAdtbY_DM&feature=related

2 réponses sur « Sara Schiralli – Bang Bang »

Moi aussi je craque pour cette musique et surtout cette voix…

dites moi quand l’album sort en France (hormis plate forme de téléchargement) svp…
merci !

Prévu pour la fin octobre, l’album serra disponible en digital à partir du 18.

Bonne soirée

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