Rone, je l’attendais avec impatience. En un an, il est passé du Trianon à l’Olympia, et entre deux, nous l’avions rencontré. Que de chemin parcouru depuis l’époque où il composait dans sa chambre avec son seul ordi. Pour son premier live, au Rex, il était terrorisé. A l’entendre au micro de France Inter quelques minutes avant de rentrer sur scène, rien n’a changé. Si ce n’est la ferveur du public. Dès les premières notes du violoncelle de Gaspar Claus, introduisant par une impro le titre Icare, la fosse applaudit à tout rompre. De quoi étonner, vu la prestation presque expérimentale, et le caractère austère de la mise en scène : une chaise, une lumière. Mais c’est mal connaître l’univers de Rone, où la simplicité cache toujours un talent fou. Quand il rentre sur scène, l’alchimie entre Erwan Castex (de son vrai nom) et son ami violoncelliste est palpable. Les panneaux lumineux dans son dos s’allume, le live est lancé. Poétique, puissante et savante, sa musique a quand même réussi à me surprendre, alors que Tohu Bohu et sa réédition Tohu Bonus occupent une bonne place dans mes albums favoris. Si en studio l’univers de Rone est onirique et assez calme, au bout du troisième morceau l’Olympia décolle. Flirtant parfois avec la techno, l’électro proposée en ce soir d’Halloween était tout sauf relaxante.
Ca danse, ça siffle, des ballons multicolores sont jetées dans la fosse… Le prodige du label Infiné a réussi à installer une atmosphère de fête dans la salle bondée. Et tout ça, sans aucune parole. Il faut dire que ce grand timide est loin du cliché du producteur aux bras levés, gueulant dans son micro des « Allez l’Olympia » et autres « vous êtes chauds Paris ? ». Pour le premier rappel, il sourit, salue, et retourne derrière sa table, armé de ses petites lunettes rondes qui lui donnent un air lunaire et adolescent. Il en est touchant. Ceux qui le suivent depuis longtemps sont heureux de voir leur chouchou reconnu à sa juste valeur. Les titres comme Bye Bye Macadam ou Parade s’enchaînent, joliment accompagné par une scénographie audacieuse. En rappel, Bora, où Alain Damasio assène sa motivation, son envie de réussir, son inspiration aussi. La boucle est bouclée, standing ovation.
L’air froid de ce jeudi 31 octobre tranche avec notre état de béatitude. Oui, « notre », parce qu’après un concert comme ça, les gens croisés dans le métro s’échangent de drôle de regards, comme pour dire « Oui, moi aussi j’y étais. »
Crédits photo: Williams Farkas