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Red Fang Live – Glazart – 2012

Les vrombissements de moteur emplissent les rues. Aux abords de Porte de la Villette, de nombreuses « Harley » attendent devant le Glazart, petite salle de concert parisienne. Les phares éclairent la chaussée maculée de mégots et de bouteille de bière. Il observe ce spectacle d’un œil amusé en buvant une dernière gorgée de Leffe. De sa main, il écrase sa cannette et la laisse tomber en bruits sourd et métallique. D’un coup d’accélérateur, il fait rugir sa moto comme si il voulait se faire entendre dans cette cohue. Assise derrière lui, elle le regarde d’un sourire amusé.

– Tu penses vraiment que ça va servir à m’impressionner ? lui dit elle
– Mais tu n’as encore rien vu !

Elle pousse un soupir amusé. Elle est heureuse d’être là, malgré le froid de cette nuit de novembre, en sa compagnie.

Le bruit des moteurs se fait de plus en plus entendre au fur et à mesure que le temps passe. L’impatience se fait sentir chez les bikers. Cinq phares fendent alors l’obscurité. Chaque plaque arbore le nom du premier groupe de ce soir DRAWERS. Les toulousains s’arrêtent au milieu de la horde de deux roues et, sans mots dire, dégainent leurs instruments. Ils emplissent les rues d’un sludge/Stoner lourd et lent. Quelques véhicules démarrent un ballet, qui s’arrête très vite. La prestation des Français, malgré une  bonne maîtrise de leur sujet et un set correct et sans fioritures ne semble pas toucher l’assistance. Le public s’essouffle à mesure du set, gâché par un son médiocre, les guitares prenant le pas sur quasiment tous les autres instruments et la voix de Nikko Bastide se fait difficilement entendre. En dépit d’un set court d’une demi-heure les français n’arrivent pas à convaincre et laissent l’assistance perplexe et un peu froide.

-Dis-moi. C’était pas censé être une soirée bien barrée à la base ?  Si c’est comme ça jusqu’à la fin je risque de m’endormir.
Il reste mué. Ne sachant quoi répondre, il lance juste un sourire un peu gêné, presque désolé.

À nouveaux le son des deux roues se fait entendre. Au bout de la rue, il découvre trois chevelus chevauchant des motos de style typiquement anglais. Tout comme les toulousains, le groupe HARK, à peine arrêté, balance un sludge/noise dans les rues de la capital au milieu d’un public qui semble perplexe. Car ils ont exactement les mêmes défauts que leurs prédécesseurs. Le son est mal calibré, la voix est presque inaudible et le set est d’une grande lenteur. Son amie semble s’ennuyer ferme.

-Putain c’est pas vrai. !

Les trois compère, menés par Jimbob Isaac’s, se donnent à fond et veulent défendre leur art. Malheureusement le public reste statique et semble s’ennuyer de plus en plus. Il essaye de rester concentré, mais il a du mal à lutter contre le sommeil. Son front touchant parfois le métal froid de son guidon. Il sent la main de son amie lui tapoter l’épaule.
-C’est encore long ton truc ? Son regard, pétillant au début de la soirée à l’idée de la passer cheveux au vent, accroché à la taille de celui qu’elle aime, encadré par le son joyeux et entraînant des guitares, est remplacé par un agacement et un ennui palpable.

-J’en sais rien
-PFFFF … Fait chier. Franchement si le prochain groupe est du même niveau, je me tire !
-Attends ! Je t’ai dit qu’on passerai une bonne soirée ou pas ? Fais- moi confiance.
-Mouais.


L’attente du dernier groupe de ce soir se fait sentir. Nombreuses sont les motos qui vibrent d’impatience et d’agacement. Le bruit d’une vielle Ford pétaradante se fait entendre. À toute allure les quatre californiens s’arrêtent au dernier moment, faisant crisser les pneus sur le bitume.Les membres de RED FANG sortent, instruments à la main, laissant, les portes ouvertes, et une cascade de cannettes vide se répandre sur le sol. En une bonne humeur communicative, les quatre compères offre un stoner barré et jovial qui fleure bon l’huile de moteur et la bière pas chère. Pour l’assistance, la soirée démarre enfin.

-Accroches-toi ! lui dit-il avec un immense sourire.

Elle manque de tomber au moment du départ et s’agrippe avec force à la taille de son ami. Ils se joignent au ballet des autres bikers qui tourne à toute vitesse autour des musiciens, appliqués sur le premier morceau HANK IS DEAD. À la différence des deux groupes précédents le son est parfait. Chaque instrument est à sa place et les deux chanteurs s’en donne à cœur joie. L’énergie est communicative entre le groupe et le public venu en masse. L’atmosphère se réchauffe considérablement et les rues deviennent le théâtre d’un joyeux chaos. Les motos enchaînent Burn et Wheeling avec un immense plaisir et une dose d’adrénaline renforcée par l’attente du groupe qui livre un set parfaitement maîtrisé et sans accrocs. Les titres des différents albums s’enchaînent avec une grande fluidité. L’apothéose du bordel est amenée par le titre WIRES. Bières, télévision explosées, meubles désossés et bien d’autres passent sous les roues d’un public de en plus fou. Le groupe va même jusqu’à proposer deux inédits durant le set. Leur prestation s’achève sur PREHISTORIC DOG. Aux premières notes, il tire de son sac deux épées en plastique. D’un geste exagérément noble, il en tend une à son amie.
-Voulez-vous vous joindre à moi afin de défendre l’honneur de notre peuple, Ma douce Marianne ?
Elle saisit l’épée avec un immense sourire
-Ce serait un grand honneur preux chevalier.
Fans déguisés en elfe,nain,magicien,ranger et autres personnages d’heroic fantasy franchement arrivés, et bikers se lancent dans une bataille épique sous l’œil amusé des quatre compères
Épuisé après ce combat,tous deux reprennent place sur leur fougueux destrier de métal. Le groupe ressort de la voiture pour un court rappel de deux chanson comprenant un inédit et un cover du groupe Dust , SUICIDE. La soirée s’achève dans la joie et bonne humeur. Les deux amis observent le Ford s’éloigner accompagné d’un cortège d’harley. Ils partagent une dernière bière et s’embrassent avant de reprendre la route.

Chronique Guillaume BailleCrédits photos : Brian Ravaux


Une réponse sur « Red Fang Live – Glazart – 2012 »

Cool le report les mecs 🙂 (juste pour dire on ne peut plus aimer sur Facebook, où est le bouton ?)

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