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Interview – Liars: « Pour cet album, j’ai été vivre dans une cabane en forêt »

Rencontre avec Angus Andrew, chanteur et guitariste de l’étonnant trio Liars. Ne passez pas à côté de l’époustouflant album WIXIW (dans le haut du panier des critiques 2012). Une expérience singulière dont vous ne sortirez vraiment pas indifférent ! Vous connaîtrez tous les dessous en lisant ceci.

Bonjour Angus. Ton groupe s’appelle Liars (« menteurs »). Est-ce que vous trichez souvent en interview ?

Oui ! Quand je fais une interview, je mens tout le temps. Ça me permet de dire des choses plus intéressantes. Je pense que c’est très bien d’utiliser son imagination : c’est mieux que des réponses classiques. Mais suis-je en train de dire la vérité ?

Cela vous est-il arrivé de dire à des artistes que vous aimiez leur musique, alors que c’est faux ?

Ce n’est pas bien de dire ça ! Enfin, peut-être… Je ne pense pas que j’irais jusqu’à leur dire que j’aime leur musique. Je dirais plutôt qu’il y a quelque chose à propos de leur musique qui me plait. Comme que j’aime leur couverture, tu vois ? Donc, je dis la vérité dans ces cas-là.

Comment faites-vous pour remettre toujours votre groupe en question ?

A chaque fois qu’on veut faire un nouvel album, on s’efforce d’oublier complètement ce qu’on a fait avant. On le compose comme si c’était notre premier album. Comme des enfants qui découvriraient leurs instruments. On en prend de nouveaux à chaque fois.

Vous passez beaucoup de temps à expérimenter avec ?

Sur le dernier, on a commencé par passer 6 mois à essayer ces nouveaux instruments. Juste à jouer ! On s’est amusé, sans rien écrire. Après, faire l’album entier nous a pris en tout 2 ans.

On peut dire que chaque album est conceptuel ?

Oui, on passe beaucoup de temps à réfléchir à ce qu’on veut faire. On peut y passer beaucoup comme peu de temps. Pour le dernier album, on a essayé de ne pas avoir de concept. Il s’est imposé à nous.

Vous avez appelé l’album WIXIW

Pour beaucoup de raisons. Tout d’abord, parce qu’on a beaucoup aimé l’aspect que ça a sur la couverture de l’album. Ensuite parce que le mot « WIXIW » se termine comme il a commencé. Le fait qu’il passe par le « IXI » du milieu, ça représente très bien le concept créatif. Quand tu fais un album ou n’importe quelle forme d’art, tu passes beaucoup de temps à expérimenter, à inventer. Mais c’est très rassurant, arrivé à un certain point, de pouvoir revenir à son point de départ.

Pensez-vous que Radiohead soit jaloux de votre dernier album ?

Je pense que c’est l’album qu’ils rêvent de faire ! Je ne sais pas, ce sont des gens très sympas, on aime beaucoup leurs albums. Mon album préféré est Kid A. Nous les avons beaucoup vus lors de leurs tournées, et je pense que leurs performances sur scène sont extraordinaires. Après oui, s’ils écoutaient notre musique, peut-être qu’ils pourraient l’apprécier…

Quelle musique vous a le plus inspiré lorsque vous prépariez cet album, WIXIW ?

En fait je me suis forcé à ne pas écouter de musique à ce moment-là. Je n’ai pas regardé de films non plus, pas de télé, rien ! J’ai été vivre dans une cabane en forêt. Je voulais faire quelque chose qui soit de moi, sans influence externe. Los Angeles est une ville où il y a toujours quelque chose pour attirer ton attention, très bruyante, toujours en mouvement. Il fallait que je me sépare de cela. Ma source de méditation, c’est la musique que je suis en train de faire.

Actuellement, j’ai l’impression que vous cherchez à faire une musique planante et lancinante…

Cet album est sans nul doute l’album le plus cérébral, méditatif que nous ayons fait. Les albums précédents étaient bien plus agressifs. Il parle plus de solitude, presque de silence. Souvent les gens me demandent « dans quelles conditions nous conseilles-tu de nous préparer pour écouter cet album ? » et je réponds « avec un casque, seul ».

Dans un monde parfait, votre morceau N°1 Against The Rush aurait le potentiel d’être N°1 ?

Ce n’est pas possible de répondre à ça ! Par définition, la musique populaire est faite d’une certaine manière. Ce qui compte c’est de faire la musique qui vous tient vraiment à cœur. Si ça plait aux gens tant mieux, mais je préfère ne pas y réfléchir…

Vous cherchez à être novateur, mais vous pensez qu’il existe d’autres groupes similaires à votre musique ?

Je ne pense pas, j’essaie vraiment de faire ma musique comme celle de personne d’autre. Elle est très personnelle. Mais c’est difficile à dire, puisque nous avons fait plein de musiques différentes.

A votre connaissance, il y a des groupes qui s’inspirent de vous ?

Je ne sais pas. L’important ce n’est pas la musique, mais la manière qu’on a de la faire. Faire exactement la musique qu’on rêve de faire. Certains groupes se donnent une identité et se disent qu’ils ne vont jouer qu’un seul genre de musique. Je préfère les groupes et les artistes qui changent, qui évoluent.

Vous avez déjà des pistes sur la direction des futures expérimentations du groupe ?

Oui, le prochain album sera sans doute plus enjoué, plus optimiste que celui-ci. Peut-être un peu plus agressif. Plus électronique. On joue déjà sur scène quelques-uns de ses morceaux.

Dans quel contexte vous viennent vos idées actuelles ?

Ce sont les choses que je n’aime pas qui m’inspirent le plus ! Donc, les actualités.

Il vous faut aussi des drogues et des femmes ?

Haha ! Non, les choses simples sont les meilleures. Je travaille mieux quand j’ai bien dormi. Tout vient de l’intérieur.

Tu peux me décrire votre musique du moment en 3 mots ?

Schizophrénique, Angoissée, Indécise.

Liars – I Saw You From The Lifeboat

Propos recueillis par Etienne Gin
Crédits photo: Michela Cuccagna

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