Interview Anis – Le Plan – avril 2009

J’ai rendez-vous avec Anis au Plan (Ris – Orangis) quelques heures avant son concert. On se pose tranquillement au restaurant de la salle, et en route pour quelques questions, bien difficiles à trouver, la biographie de son site officiel donne beaucoup d’informations et décortique toutes ses chansons ! En prime des soucis techniques font que mon interview initialement filmée se termine retranscrite d’ou le petit décalage dans le temps…
-Comment définir le style musical Anis ?

C’est emprunt de toutes mes influences, ça part du blues, rocksteady, ska, clin d’œil au hip-hop, j’adore la soul music, je crois qu’on a fait un petit peu le tour !

-Comment vous avez vécu l’élaboration du second album, celui qui est « attendu » ?

On me pose souvent la question, mais moi je ne me suis pas mis la pression. Je n’ai pas du tout pensé à ça, j’ai voulu évoluer un peu d’un point de vue musical, je voulais plus de place pour la mélodie. En réécoutant le premier, je me suis dis c’est bien mais ce n’est pas assez mélodique. J’ai mis plus d’aération dans les chansons pour  plus de mélodies.

-Dans votre biographie on explique la rencontre avec Philippe Almosnino (guitariste des Wampas) s’est faite au hasard. Est-ce que vous fonctionnez comme ça d’une manière générale ou vous savez par avance qui peut travailler avec vous ?

A part Madi Gras Brass Band – j’avais prévu depuis longtemps de bosser avec eux –  les autres c’est au fil des rencontres, les festivals, on discute, on partage un verre en backstage, on se dit des trucs, on échange nos numéros de téléphone…

-Vous avez joué dans le métro, pour vous parrainer le concours « destination musique » revêtait une importance particulière ?

Non, pour être honnête c’est des partenariats qui me dépasse en fait. C’est ma maison de disque et la RATP qui se sont mis d’accord pour monter une opération ensemble. J’étais content pour le gagnant qui a pu faire une première partie au Bataclan. C’est chouette pour lui. C’est des musiciens, la différence qu’on a, c’est qu’ils sont dans la légalité. C’est pas un encouragement à être à l’arrache, et je n’ai jamais fait ce qu’ils font, eux ils chantaient dans les couloirs avec les petits badges. Moi j’allais dans les wagons, il y avait plus de mouvement, c’était plus marrant et on se faisait plus de pesetas aussi !

-Certains de vos textes dénoncent tranquillement les injustices sociales et politiques. Peut-on vous qualifier de chanteur engagé pour autant ?

Nique le G20, nique le G20, nique le G20 !!

Concerné plus qu’engagé. Parce que les personnes engagées le font en tant que citoyen et sur le terrain. J’habite à côté de Gare du Nord, donc je suis beaucoup sollicité par les SDF, et il y a toujours des regroupements de sans-papiers alors je file du pognon, je signe des pétitions. C’est le seul acte que je fais citoyen. Les SDF peuvent me demander cinq/six fois par jour, je donne car je peux me le permettre, j’ai pas de femme, d’enfant, je suis célibataire.

J’ai un peu de mal avec l’étiquette d’artiste engagé, je trouve ça trop fastoche d’être engagé dans ses paroles et de ne rien foutre à côté. Je préfère quelqu’un qui fait des chansons d’amour cul-cul qui n’ont rien a voir et il parraine un petit gamin en Afrique, il s’engage pour les sans-papiers, il donne du pognon ou il en héberge un chez lui. Donc je ne me considère pas comme un artiste engagé.

-Donc nous n’officiez pas dans des associations ?

Non, à part « Nique le G20 » !!

-On va continuer dans la politique, à l’assemblée nationale, gros coup de théâtre, lors du vote de la loi sur le téléchargement, l’opposition a été majoritaire et le texte est pour le moment en suspens. Quel est votre point de vue sur ce débat ?

Ben tant mieux ! En fait ma maison de disque m’a contacté il y a six mois en me demandant si je voulais signer la pétition pour l’ Hadopi [ le projet de loi contre les téléchargement illégaux], j’étais un peu remonté à l’époque parce que ça faisait deux, trois mois que je me mangeais super régulièrement dans la gueule des gens qui viennent me voir et qui me disent : « J’tadore, j’tadore, par contre j’ai téléchargé ton album » Bon, t’es pas forcé de me le dire, ça ne sert à rien. Puis il y a plein d’aberrations, moi je suis tout à fait d’accord si au moins t’as pas de tunes que t’ai accès au CD c’est très bien.

Mais sinon après quand on est creveton, là je ne peux pas supporter, l’exemple que je donne le plus souvent, c’est un mec qui me dit ( on est dans un bar dans mon quartier ) : « J’adore, j’aime trop ton style par contre j’ai téléchargé ton album », je lui dit : « ah bon mais pourquoi ? », lui : « parce que t’as pas vu comment c’est cher… ». Je suis d’accord, en France c’est cher les CDs, il pourrait être baissé de deux, trois euros, ce serait plus réglo. Le gars, j’écoute ce qu’il a me dire, et à la fin, il paie son addition de demis : 48 euros. Donc, voilà, « c’est trop cher les CDs », mais ton 501, c’est 120 euros, tes Air Max ou tes chaussures pointues de rocker c’est 300 euros… Il y a un peu de crevardise et de malhonnêteté dans le truc : « ouais on télécharge parce que nique l’industrie du disque », c’est un peu simpliste, et ça, ça me soule.

Par contre, je ne suis pas du tout pour qu’il y ait une nouvelle loi, il y en a beaucoup trop. Si je pouvais, je retirerais mon nom de la pétition, mais c’est trop tard, c’est fait, ça ne m’engage pas plus que ça. Je ne suis pas pour la création d’un nouvelle loi, je suis plus pour la sensibilisation, une loi de plus, ça va rien faire, juste énerver les gens qui vont en faire deux fois plus.

Maintenant, c’est un truc qui est assez complexe, je suis assez saoulé des gens qui ont un beau discours genre : « Vive la liberté… ». Je me suis fait traité de fasciste quand j’ai signé la pétition. Alors en fait, mec, tu télécharges mon album, tu me fais la morale et en plus tu me traites de fasciste, il y a des limites, si t’as pas de tunes, vas-y télécharge, si t’as des tunes, tu soutiens quelqu’un que tu aimes bien voilà. Y’a trop de lois, et il ne faut pas forcément faire de la répression, il y a trop de répression et on sait à quoi ça mène, ça ne sert à rien.

-D’une manière générale, comment abordez-vous un concert ? Avez-vous un entraînement spécial ? Des petits rituels avec les musiciens ?

Ça dépend des fois et de la façon dont j’aborde un concert! Là, en ce moment, je suis dans une période pizza Régina quatre fois par semaine, bière tout les jours, ça se voit, je suis un peu fat là ! Mais y’a des périodes, c’est grave ! C’est corde à sauter, course à pied, pompes, abdos, natation avant les concerts pour être bien ! Je ne suis pas quelqu’un d’hyper régulier, donc ça peut être préparation physique assez mortelle et sinon, ça peut être complètement l’inverse ! L’essentiel est de se sentir bien c’est tout ! En ce moment, je me sens bien avec ma p’tite bedaine, ma p’tite bière avant le concert. Et parfois pas une goutte d’alcool avant le concert !

Et sinon, avec l’équipe, le but du jeu avant le concert, c’est de se détendre le plus possible et souvent ça passe par la rigolade, et quand on ne rigole pas, on essaie d’être au calme, il y en a qui ont des approches pas forcément yoga, mais à base de respirations. Le meilleur truc c’est de déconner entre nous et de ce faire des blagues d’adolescents, de gamins, histoire de rigoler un max, ça détend de rire !
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