En dehors des modes, du temps, à contre-courant mais jamais à contre-temps, Of The Days, premier album de Grey Reverend, possède indéniablement quelque chose de minéral.
Découvert par Jason Swinscoe, fondateur de The Cinematic Orchestra, alors qu’il se produisait dans un coffe-shop de Brooklyn, L.D Brown, rebaptisé Grey Reverend pour ce projet solo, ne tarde pas à intégrer le TCO et à le suivre dans ses tournées à travers le monde. S’en suivra une signature sur le label Motion Audio, branche folk de l’incontournable Ninja Tune. Une petite séance de name dropping qui ne manquera pas d’attirer l’œil des connaisseurs. Reste à savoir si leurs oreilles suivront le mouvement.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que Grey Reverend ne s’encombre pas de superflu. Sa folk, dépouillée au possible, n’est pas sans rappeler celle de José Gonzalez. Simplement accompagné de sa guitare acoustique, l’homme y témoigne d’un talent certain pour l’écriture. Ses textes, simples et profonds, ont le mérite (l’audace?) d’interroger les travers de nos sociétés modernes à l’heure où la seule question qui semble vraiment importer porte sur l’aspect de la crinière de Rihanna dans son prochain clip. Grey Reverend excelle dans l’art de raconter des histoires a priori faciles d’accès, mais qui toutes proposent un second niveau de lecture où se tissent habilement métaphores et allégories. Les neuf titres de son Of The Days sont autant de leçons de vie, de petites pièces d’orfèvrerie, toujours subtiles, jamais arrogantes. On l’aura compris, le bling-bling, Grey, c’est pas son truc. Et à la limite tant mieux. Reste que tout le monde ne comprend pas l’anglais, et que la poésie des textes mise à part, ben, comment dire, on s’ennuie un peu… Ce premier album, d’une homogénéité sans faille, manque parfois un peu de souffle, d’un grain de folie salvateur. Du début à la fin, le songwritter y joue bas, y chante bas, instillant chez son auditoire l’impression d’un dénuement total qui confine parfois à la monotonie. Souhaitons que pour le prochain, Grey utilise avec un peu moins d’économie la palette des couleurs. Nan, franchement, à bien y regarder, Rainbow Reverend, c’est pas si dégueulasse non-plus comme surnom…
chronique réalisée par : Arnaud Barbey
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2 réponses sur « Grey Reverend – Of The Days »
Il y a un précédent album de ce monsieur : Startled wish ainsi qu’un EP Lament in manifest avec notamment une belle reprise de Things behind the sun de Nick Drake.
[…] assurera quasiment tous les vocals du concert, remplaçant même Grey Reverend sur le titre First Fires. Mais c’est sur El Toro, bombe de Black Sands, que le talent de […]