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Dj Oil – Black Notes


Mais pourquoi Lionel Corsini, mieux connu sous le nom de Dj Oil a-t-il attendu autant de temps pour sortir un album solo ? Ce magicien du son marseillais a été élevé au jazz et au funk et mixe depuis qu’il a seize ans. Il a formé avec Fred Berthet et Bruno Taillefer les Troublemakers, un trio sachant sampler avec maestria des bandes sons de film sur fond de trip-hop entêtante.

Deux albums (Doubts & Conviction en 2001 et Express Way en 2004) et quelques bisbilles plus tard, Dj Oil commence à tourner en solo. Il collabore avec Magic Malik et Dj Rebel. Il parcourt le continent africain (Kenya, Burkina-Faso, Afrique du Sud, Maroc…) et part à la pèche aux sons d’ailleurs. En 2010, il pose ses valises et vide ses carnets de voyages. Il commence à préparer les premières maquettes d’un album qu’il peaufinera pendant deux ans.

Black Notes est tout à la fois une invitation au voyage et un grimoire de magie – noire bien évidemment. Dj Oil mélange ses influences et ses impressions d’Afrique. Il joue sur la polychromie de la musique noire : du free jazz au hip-hop en passant par la soul, le funk et la musique afro. Moins de références au cinéma qu’au temps des Troublemakers, mais plus de featurings, voilà la recette de ces onze morceaux de house vagabonde, old school mais pas nostalgique.

«Black Notes», titre éponyme, ouvre l’album. « Black Notes, B-L-A-C-K » : le ton est donné. Gift of Gab du duo Blackalicious pose son flow incantatoire sur des percussions tribales. L’oreille déjà conquise, on savoure ensuite le funky «My Heart» et ses envolées de flûte folle.Quelques répliques du film The Producers (1968) au début de «Rock Hit» viennent rappeler le temps des Troublemakers avant de céder la place à Gift of Gab qui revient rapper sur fond de guitares saturées.

DJ Oil sait marier les genres. Dans «Teenage Thang» le slam de Regie Gibson monte en puissance sur une nappe de basses et de percussions, où les sons électroniques se mélangent à la transe chamanique. La collaboration avec Sam Karpienia sur «Mind Your Step» est plus surprenante encore. Son chant en occitan s’enroule autour de mélodies orientales syncopées par un beat lancinant.

Magic Malik compte parmi les invités de marque. Il prête sa flûte enc(hantée) et sa voix à deux titres : «Charlie C» et «Give me Love». PO Box, MC sud-africain, donne son nom à un morceau. On découvre son rap en langue africaine (impossible de savoir laquelle, il en maîtrise six). Pour finir, DJ Oil nous prend à rebrousse-poil en rendant hommage à l’un des fondateurs du free jazz, Ornette Coleman avec le magnifique «Alix In Ornetteland».

Tour à tour, hypnotique, atmosphérique et groovy, Black Notes soigne efficacement l’ethnocentrisme. Pas de folklore ici pourtant. DJ Oil opère ses douces hybridations en s’entourant de musiciens et d’artistes transgenres. En témoigne ce clip, signé par son frère, Bruno Corsini.

Un album à écouter au plus chaud de l’été, pour profiter de son pouvoir d’envoûtement.

Chronique réalisée par Alice Poujol

 

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