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Bonaparte – My Horse Likes You

Le problème quand on écrit une chronique sur My Horse Likes You c’est qu’on doit chercher des informations sur Bonaparte. Or je sais pas si vous êtes au courant mais avant d’être un groupe d’électro-punk mondialement connu, Bonaparte c’était un obscur chef d’armée de la fin du XVIIIe début du XIXe siècle, et ça, ça fout la merde. Va savoir pourquoi, les moteurs de recherche doivent tous estimer plus cool d’être un militaire qu’une rock star, car en saisissant les neufs lettres incriminées dans la fenêtre idoine on tombe sur des histoires de coups d’état et des récits de batailles à n’en plus finir. Mais de musique, point.

Alors on ajoute des mots-clés, dans l’espoir d’augmenter ses chances. Groupe, rock, chambre d’hôtel saccagée (chacun sa vision de l’art)… Et là, magie de la toile, on en apprend davantage. Oh, à peine, guère assez pour l’édification d’une fiche Wikipedia détaillée, non, juste de quoi alimenter encore un peu plus la légende. On retiendra ainsi, en vrac et sans pouvoir départir le lard du cochon, que le collectif serait tenu de main de fer par un certain Tobias Jundt, petit suisse haut en couleur résidant de façon intermittente à Berlin, et que ce même Tobias serait le seul membre permanent du groupe. « Quid des autres ? », me demanderez-vous. Venus des quatre coins du monde, ils intégreraient Bonaparte au gré des rencontres, le quitteraient au fil de leurs karmas respectifs… En fait, la seule chose qui soit certaine à propos de cette formation qui n’en est pas vraiment une, c’est que ses membres qui n’en sont pas vraiment arrivent tous sur scène (et ils sont nombreux, parfois plus d’une vingtaine) accoutrés comme des Bisounours tendance anar sous kétamine. Ah, non, oui, une autre chose qui sonne comme une évidence : My horse likes you, deuxième album de Bonaparte, est plutôt bien foutu.

Tout commence comme une fin de partie. Ouverture sur un sample de Haendel. Sonate pour violons, contrebasse et clavecin sur tapis électronique. Ambiance fin de siècle. Décadence raffinée mais décadence quand-même, prélude implicite au joyeux bordel qui va suivre. Dès le deuxième titre, éponyme, le ton est donné, les chevaux lâchés. Tobias n’a pas spécialement une belle voix, elle serait même plutôt agaçante sa voix nasillarde de britannique made in Switzerland mais, comment dire, elle colle à merveille à son sujet, martèle à la perfection ses paroles déjantées au-dessus de l’orchestration sonnante et trébuchante. Ainsi, portées par les guitares et le sinthé déchaînés qui, parmi de multiples autres instruments, perfusent l’album de bout en bout, peut-on entendre des punchlines d’un autre monde, quand Tobias ne s’amuse pas tout bonnement à hennir à en décorner les bœufs. Florilège : « I’m you’re glory hole to the universe » (Computer in Love), « Do I like MGMT ? I don’t know. How do you spell that ? » (Fly a Plane into Me), ou encore, pour la french-touch, « I like phones that ring for me, I say hey grandma bouffe-ma-chatte-you-horse-cock-mother-fucker, I’d love to come for tea » (?) (Fly a Plane into Me). On le voit, Lamartine n’est pas loin.

Conclusion, My horse likes you est un album décapant, gorgé d’un humour dont on laissera à chacun le soin de juger, où l’électro se fait plus prégnante que sur le précédent opus de Bonaparte, bien qu’y règne toujours l’atmosphère joyeusement punck-rock-foutraque chère au petit Tobias. Bref, un album à écouter avant de se rendre au Champs de Mars pour un duel matinal. Un duel pour lequel on aura remisé son fleuret et ses parades de fine-lame au profit d’un fusil à canon scié et de gros sel, cela va sans dire. Impossible n’est pas fr… euh, suisse, comme disait l’autre.

Label : Staatsakt Rec – Sortie : Mai 2011

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