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Plan B Live – Bataclan – Novembre 2010

20h15, après une bonne inspiration je me décide enfin à fendre la foule pour tenter d’atteindre le devant de la scène. Et à ma grande surprise, le public est loin d’être compact ! J’entends devant moi « hé mais la salle est vide ! » à qui un ami répond « tant mieux ! ». Tout à fait d’accord mon cher ! Ce soir au Bataclan, Plan B joue à guichet fermé ;  je profite donc de cette masse encore plus ou moins aérée qui m’entoure !

20h30, un rappeur en costard cravate monte sur scène. N’étant pas dans l’optique de « morceaux », nous aurons droit à une vingtaine de minutes d’un beat box hors du commun. Commençant doucement, par de simple beat, s’y ajoutent ensuite des thèmes à la trompette, du scratch qu’il mime avec ses mains, du rap… Et oui, le tout fait par un unique homme, ou plus précisément, par une et unique bouche. Comme si nous n’en n’avions pas suffisamment plein les oreilles et les yeux, c’est maintenant le moment des reprises de morceaux électro, histoire de pousser un peu plus loin l’excitation ambiante. L’inévitable « I like to move it » ravira la salle entière qui lui répondra en chœur, et c’est ce moment précisément que Plan B choisira pour faire son apparition.

Une batterie, deux guitares, une basse, un synthé, et deux corpulentes chanteuses black. Après que tout ce petit monde se soit installé, sous les acclamations d’un public en furie, la voix de Ben Drew résonne des coulisses et l’intro de « No write on the wall » retentit. Les deux chanteuses ont appris une petite chorégraphie qui les accompagnera toute l’heure qui suivra. Sans interruption aucune, la quasi totalité de son nouvel album « The Defamation Of Strickland Banks » sera livrée avec une énergie hors norme : « Free » où l’on remarque un clavier au regard lointain et perdu qui pas une seule fois ne trouva nécessaire de regarder ses mains ; « Prayin’ » avec une ligne de basse magnifique qui ne s’entend pas aussi distinctement dans l’abum. La salle est remplie de son qui cherche partout une échappatoire qui semble être nos simples oreilles. Sur la toute fin, les musiciens décident de modifier le rythme des guitares qui rend le tout beaucoup moins grave et dans une mouvance de reggae. Déception pour moi, de voir que tous les instruments aient été remplacés par un synthé pas toujours très fiable. L’envie de voir un ou deux violons dans un coin ne me quitte pas. Ensuite, « Welcome to hell » où les deux guitaristes se rejoignent pour jouer manche pointé vers le ciel, bientôt suivis du bassiste qui se cache depuis le début au fond de la scène. L’étonnement est sur tous les visages « Mais qu’est-ce qu’il est jeune » !
Nous revenons au calme avec « Love goes done », l’intro de son album, avec quelques modifications telle qu’une impro chantée sur une intro de piano. Le style gospel reprend le dessus avec « Traded my cigarettes » où les deux chanteuses font résonner leur voix en réponse à Ben Drew. S’ensuit « Recluse » et ses si beaux accompagnements d’arpèges de cordes… joués par un bouton du synthé… Le morceau est beaucoup plus rock que dans l’album, les guitares électriques envoient du lourd, et après une tension entretenue à son point culminant, le couplet rappé explose. Le guitariste métisse qui se trouve face à moi se lâche enfin. On voit sur ses lèvres défiler toutes les paroles, quand un immense sourire ne lui barre pas le visage, ou qu’il ne saute pas dans tous les sens. Ben Drew se retourne et tel un chef d’orchestre, clôt le morceau.
« The next song is about a man and a…. salop ( en français dans le texte !) ». Morceau inconnu à son dernier album, ainsi que « Charmaine » extraite de « Who Needs Actions When You Got Words ». Nous sentons approcher la fin, même si personne ne veut vraiment y croire. Il est là, à jouer ses textes, les mimer, les vivre, et il fait ressortir l’acteur qu’il est dans la vie, en parallèle à sa carrière de chanteur. Pour clore le spectacle, « What u gonna do », suivi de inévitablement « She said ». Je surprends un clin d’œil à son guitariste et tous deux viennent au plus près du public pour frapper des mains en rythme. Le moment fatidique est arrivé et un « Thank you so much, good night » est adressé au public.
L’ingé son vient sur scène, commence à remballer deux trois choses, quelle déception, pas un seul rappel, rien. Puis tout à coup, les enceintes nous crachent un « Do you want anymore ? ANYMORE ??? » . La foule hurle, et les revoilà tous les 8 envahir la scène.

C’est le moment des reprises. Des morceaux très gospel, aux enchainements harmoniques très simplistes, un tout très RENT et comédie musicale de noël…. Mais ne nous laissons pas bluffer, le rappeur ayant assuré la 1ere partie fait une entrée fracassante et c’est maintenant aux morceaux électro d’être repris. Le bataclan se transforme alors en une immense boite de nuit où la foule en délire saute et ne fait plus qu’un. L’incontournable « alors on danse » termine de nous mettre dans un état de fonte des neiges avancées.

Ne pouvant clore son show sur de banales reprises trop connues et trop entendues, ils enchainent sur « Stay too long » avec une petite impro à la guitare toute mignonne et inattendue sur le début. Deux jeunes adolescents tentent un pogo, remis immédiatement en place par le public dans l’ensemble plus âgé qui n’est pas venu là pour se prendre des coups mais pour profiter au maximum du concert.

C’est de la folie pure sur scène, tout le monde court, danse, rappe, Ben Drew explose un pied de micro, prend son guitariste par les épaules et le fait tourner, tourner encore. Il semble vouloir le faire tomber, mais l’autre plus ou moins imperturbable, continue à jouer, mort de rire. Ben le tire, le pousse, l’étrangle, et le lâche avant de rejoindre les coulisses en sueur.

Un seul bémol reste à noter : quel dommage que les morceaux se soient si vite enchainés les uns aux autres. Malgré une présence indéfectible sur scène, pourquoi si peu de rapport et de lien avec le public ?

Crédits Photos – Kevin aka Ekke Eyes


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