Catégories
Chroniques

Tracey Thorn – Love and its opposite

Cela faisait trois ans que l’on n’avait pas eu l’occasion d’entendre la belle voix de Tracey Thorn. L’occasion revient donc avec Love and its opposite, un titre qui se promet en totale adéquation avec la douceur hantée de la voix de l’anglaise qui s’est faite connaître à travers le monde (souvenez-vous) grâce à sa participation à Everything but the Girl et plus particulièrement à la chanson Missing, rendue populaire en 1995 par le remix de Todd Terry, qui les a propulsés en haut des charts occidentaux.

Connue surtout pour avoir chanté sur des musiques trip-hop – elle a notamment collaboré avec Massive Attack en 1994 sur les titres Better Things et Protection – Tracey Thorn a, depuis le (re)lancement de sa carrière solo avec Out of the woods en 2007, privilégié une musique plus acoustique et paisible, sans pour autant renoncer à quelques sonorités électroniques.

Oh! The Divorces, premier single extrait de ce nouvel album, l’introduit magnifiquement par une valse nostalgique et timide au piano, un bijou de simplicité et de sensibilité qui augure le meilleur pour la suite, tant pour la musique que pour les paroles, ici une déploration en forme de comptine sur la lente extinction des sentiments amoureux. On touche immédiatement au titre de l’album, l’opposé de l’amour se révélant être l’incompréhension de la réalité de l’amour plus que la haine ou même l’indifférence.

Et pourtant la suite immédiate de l’album s’avère quelque peu décevante. Comme si tout avait été trop bien dit en une chanson, le souffle disparaît peu à peu des trois pistes suivantes, qui perdent de leur relief et peinent à se détacher d’un ensemble peut être trop homogène, qui finit par ennuyer en dépit du somptueux timbre de Tracey Thorn.

Why Does The Wind apporte alors une coupure bienvenue, avec une structure plus dynamique et une mélodie très accrocheuse, ainsi qu’un phrasé plus interpellant de la part de la chanteuse. You are a lover, produit du hongrois Kristóf Hajós découvert par Ben Watt (époux et partenaire de Thorn dans Everything But The Girl), est elle d’une élégance simple et subtile, tout à fait touchante.

A l’approche de la fin de l’album, la reprise étrange et envoûtante de Come on home to me, chantée en duo avec Jens Lekman – dont la somptueuse voix de basse figure également dans une reprise des Magnetic Fields, à écouter d’urgence sur le myspace de Tracey Thorn – jette une lumière nouvelle sur cette opus qui ne se contente définitivement pas d’une teinte unique.

Le retour d’une ligne rythmique trip-hop dans Late in the afternoon et la ferveur optimiste de Swimming (« we can’t keep on so let’s keep on ») s’en font la preuve : varié sans s’éparpiller, Love and its opposite est (à peu de choses près) une réussite complète pour l’une des plus grande chanteuses britanniques actuelles.

Label : BPitch Control – Sortie : Mai 2010

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *