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Plan B – The Defamation Of Strickland Banks

En 2006, souvenez –vous, “ Who Needs Actions When You Got Words “ 1er album de Ben Drew, chanteur britannique plus connu sous le nom de Plan B, était accueilli en grande pompe par les critiques. Un album de rap mêlé de hip hop et dont le débit de mot à la minute l’avait immédiatement placé en concurrent direct d’Eminem.

Quatre ans ont passé et c’est avec beaucoup de surprise et grand plaisir que nous accueillons son second volet, « The Defamation Of Strickland Banks » dont le style a radicalement changé.

Ben Drew a sorti le grand jeu : cordes, cuivres, chœur, batterie ainsi que l’éternelle guitare folk , accompagnent tout au long de ce concept-album sa voix mise à l’honneur et dominante du début à la fin, voix au grain gospel que l’on ne s’attend pas à voir sortir d’un blanc britannique.
Mais il n’oublie pas pour autant ses bases et mêle donc sans pudeur hip-hop rap et soul funk. Le terme de concept-album traduisant la volonté d’un artiste à créer une œuvre filée tout au long d’un disque, ne pourrait être mieux illustré qu’ici même.

En 50min et 13 plages, Plan B nous raconte l’histoire d’un chanteur de soul Anglais, Strickland Banks, accusé à tord de viol et finissant en prison , en passant par ses états psychologiques et ses ressentis.

On sent clairement un désir d’adéquation entre la musique et les textes, qui se marient et se suivent à merveille. Ses textes les plus énergiques, hargneux et ressentant un plus grand besoin d’être défendus sont rappés : « Stay too long » où il est poursuivi par la police, le second couplet de « She said » où il plaide son innocence à la barre , le second couplet également de « The recluse » où il expose sa souffrance, seul derrière les barreaux, l’intégralité de « Darkest Place » où il s’adresse à Dieu, remettant son existence en cause pour l’avoir laisser se faire inculper, et enfin dans « What you gonna do » qui clôt l’album et où il se retrouve de nouveau à la barre pour un nouveau procès.

Procès dont nous ne connaitrons pas le dénouement …. A vous seul tient le jugement dernier !

La musique est construite suivant un axe très précis : calme et languissante au début, en particulier sur «Love goes down » et « Writing’s on the wall » qui ouvre l’album. Il y a ensuite une montée en puissance qui atteint son apogée avec « The Recluse » ( qui se trouve être le centre des morceaux) , sa haine explose et est suivie par les cordes dont l’agitation et la nervosité sont palpables grâce aux enchainements d’accords parfaits arpégés en double croches sans interruption.

Puis, jusqu’à la fin, le découragement est là et se fait ressentir, dans « Prayin’ » par le tapis sonore créé par les cuivres mélés aux cordes, par la descente aux enfers des violons dans « Darkest Place », puis peu à peu le dépouillement complet de l’instrumentation: « I know » est d’abord uniquement accompagné par sa guitare, puis entre la batterie et enfin beaucoup plus tard les cordes.

« The Defamation Of Strickland Banks » est une merveilleuse compilation entre des textes poignants, une musique riche et développée, le tout sous le chapelet d’un Ben Drew qui nous prouve ici l’immense talent et l’immense musicien qu’il est. Congratulations Mister B !

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