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PEASANT – Bound For Glory

Au fil de la première écoute du fichier compressé de l’ album Bound For Glory de Peasant,  je suis passé de l’impression d’ écouter une musique agréable, déclinaison sans surprise du spleen des grands espaces américains, à de la curiosité  pour les chansons bien troussées, à l’ équilibre entre cette mélancolie enracinée et la légèreté d’une instrumentation fluide et enfin,  au fil du voyage, l’ album était devenu insidieusement le compagnon de mes propres rêves, espoirs et déceptions passées.

Bref j’ ai dérogé à l’un des derniers privilèges du » rock critic » pour faire l’ acquisition du CD avec mes propres deniers, parce que ce Damien DeRose qui se cache derrière ce pseudonyme paysan semble parvenu à l’ équilibre entre le terreau épais des musiques américaines blues, folk, country et la spontanéité, la vulnérabilité affichée par une voix de tête réminiscence de ce rock indépendant inspiré par la rusticité de Neil Young, l’ enracinement des deniers Byrds, en passant par les moments les plus calmes de Dinosaur Jr, Sebadoh ou d’un Mercury Rev dépouillé de son habit de soirée orchestral.

DeRose sait aussi manier l’orgue psychédélique tout en affichant la morgue faussement indifférente des premiers rockers (Pretty Good), les chœurs de crèche de The Shins pour une fantaisie éthylique (The Flask) et un feeling country pop où les harmonies ensoleillées nuancent la tristesse des paroles (Stars).

Avant tout Peasant parvient à l’ alliance d’une dentelle de guitares plutôt acoustiques avec l’ écho d’un orgue lointain ou bien les arpèges d’un piano délié pour créer une trame instrumentale légère qui ménage l’ espace nécessaire à la maturation du goût doux amer des compositions et à la dérive des images qui naissent dans l’ esprit de l’ auditeur.
Plus impressionnant encore, la gravité et l’ émotion de Mother Mary et le Don’t Let Me Down final, mené par des accords de piano vifs et enchanteurs et des mélodies vocales qui me donnent l’impression que sur cette chanson éclatent tous les sentiments que DeRose avait  d’une certaine façon contenus sur tout le reste de l’ album.

Alors parfois je reste un peu sur ma faim à cause de la propension de l’ auteur à placer l’ accord final à moins de trois minutes du début de ses chansons.

Une bonne idée sur le papier, de s’arrêter avant l’ exposition de trop de redites d’un thème, mais dans les faits l’album souffre un peu dans sa continuité avec des atmosphères qui disparaissent à peine le temps de s’être installées.

Cette légère réserve exceptée, Peasant, qui signe là son quatrième album, a dépassé le stade de l’ espoir. Cette musique pleine de subtilités crée un espace entre sérénité et mélancolie qui accompagne sans restriction mon quotidien.

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