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Madjo – Trapdoor

L’été vient de s’achever et la saison des festivals est presque terminée… Pourtant, Madjo n’en finit pas de parcourir la France entière et d’envahir les salles. La raison de cet agenda chargé ? La sortie de son premier album, Trapdoor, il y a quelques jours ; et la tournée qui suivra. Un opus réussi qui confirme la forte impression faite par la jeune chanteuse cet hiver avec son Ep. L’auditeur, déjà séduit par la voix chaude de Madjo, y retrouvera la même atmosphère qui avait fait le charme du premier jet, dont elle reprend ici deux titres : la reconnaissance d’une multitude d’influences pop et folk, surtout anglo-saxonnes, et surtout le grain de folie et de fraîcheur propre à l’artiste. Suivez-la…

Le premier titre, « Leaving my heart », inscrit directement Madjo aux côtés de Feist ; une parenté également remarquable sur d’autres titres comme « Mad Mind », « Trapdoor in a wall » ou « Lion monkey husband ». La voix enchanteresse emporte l’auditeur et les rythmes très marqués – claquements de main, percussions ou chœurs – feront de lui un de ses danseurs : le monde de Madjo lui est ouvert.
Cependant, le voyage n’est pas si simple, car la chanteuse d’origine franco-sénégalaise, modelée par 1001 inspirations, n’offre pas un album univoque. Ainsi explore-t-elle de nombreuses directions, ouvrant des chemins imaginaires sans jamais se restreindre à un seul style. Chanter en anglais, chanter en français, opter pour la pop, accepter les accents de nouvelle scène française… Madjo ne se refuse rien, et c’est tant mieux pour nous. Le morceau « Le nid des 100 soucis » en est l’illustration parfaite. Le jeu de mots du titre n’est pas le seul élément qui en témoigne. Franchement pop des années 2000, ce deuxième titre de l’album choisit aussi des sonorités 80’s, avantageusement accompagnées par des paroles entre onirisme et chronique quotidienne. Une instrumentalisation que Madjo a aussi choisi pour le titre « Another day » et qui, une fois de plus, tient vraiment la route. Est-ce la mélodie, est-ce la voix, est-ce l’accompagnement choral ? Difficile à dire… Mais le résultat est là : un morceau punchy et qui accroche tout de suite l’oreille. Nouvelle surprise sur « le Cœur hibou » dont l’introduction semble inviter l’auditeur dans un monde féérique, mais dont les paroles la rapprochent de la nouvelle chanson française. Puis le refrain aux accents world music complète le cocktail réussi de cette étrange ballade.

Étrange, c’est bien le mot qui vient pour qualifier l’exploration musicale à laquelle invite Trapdoor. Il est évident que Madjo a son propre univers, une inquiétante féérie qui est ouverte aux curieux (sur « Cracheur de feu » en particulier, mais par de plus petites touches sur d’autres titres : les chœurs de « Catch the bird » qui rappellent parfois Cocorosie ; les paroles de « Je claque des doigts »…). Si certains titres exposent ouvertement un univers spécifique, la chanteuse sait séduire l’auditeur par des titres bien plus accessibles. La douceur d’ « Insomnia », un magnifique morceau mêlant guitare acoustique et sons bien plus modernes, en est un exemple. « Le nid des 100 soucis chavire, les histoires en chamaille, le dedans le dehors se croisent » : voilà qui résume à merveille Trapdoor. Un concentré de vie, où se côtoient des univers qui n’en ont pas l’habitude (chanson française, folk, pop, blues…) mais dont la rencontre met au jour un indéniable talent.

Label  : Mercury – Sortie : Septembre 2010

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