Catégories
Interviews

Interview – Waxahatchee : « Je prends des notes en écoutant Elliott Smith, Mama Cass et Yoko Ono »

On a rencontré Waxahatchee dans un café parisien, intrigué par sa voix rauque et son univers mélancolique. Et on a découvert une jeune femme à l’image de sa musique, toute douce mais plutôt surprenante. Jugez par vous même!

Mais c’est quoi ce nom ?

Je m’appelle Katie et mon groupe est Waxahatchee. (wax-ah-at-chi). C’est le nom d’un ruisseau dans l’Alabama, d’où je viens. Mes parents y ont une maison, où j’ai passé beaucoup de temps enfant. J’ai écris beaucoup de mes premières chansons là-bas.

Alors même le nom est personnel…

Dans le groupe où j’étais avant, il y avait pas mal de textes personnels, mais je commence tout juste à trouver mon style en matière d’écriture. Quand j’ai écris les premières chansons de Waxahatchee, sur le premier album, je me suis dit que j’allais y aller à fond, que j’allais exactement décrire ce que je ressentais.

Un peu comme une thérapie ? C’est tristounet en tout cas : « I don’t care if I’m too young to be unhappy »

Parfois, c’est vrai que c’est un peu comme une thérapie. Des moments  tristes peuvent être très profonds. J’ai essayé d’écrire des chansons joyeuses ou hargneuses… Mais ça ne fonctionne pas aussi bien. Ca ne veut pas dire que je suis une personne triste à longueur de temps, mais je pense que pour écrire, cette humeur mélancolique est ce qui me convient le mieux.

Tu n’as pas peur de toujours faire la même chose du coup ?

Si, forcément, un peu. Mais je n’écris plus à propos des mêmes sujets. Le premier album traitait de relations amoureuses. En fait, une bonne partie de ce que j’ai fait avant parlait de ça. Ce nouvel album évoque ma famille, les relations qu’on a dans notre enfance… et puis on grandit et s’éloigne. C’est une situation étrange et triste quand on a été si proche de quelqu’un et qu’on ne lui parle plus aujourd’hui. T’as 20 ans, et tu réalises que tu n’auras plus jamais cette joie innocente, que tout sera toujours compliqué.

Tu as quel âge ?

24 ans.

La voix d’une génération ?

Ma génération est critiquable. Il y a beaucoup de chose que j’ai envie d’éviter : la télé-réalité, le capitalisme, toutes ces choses terribles qui détruisent notre culture et notre humanité. Une partie de moi veut rejeter ça et me concentrer sur ce qu’il se passe dans ma bulle. Mais si des gens de ma génération se reconnaissent dans ce que je fais, j’en suis ravie. Et c’est vrai que je chante beaucoup les problèmes liés à un âge et à un moment de la vie.

Et quand tu vas vieillir, tu vas continuer à chanter ces problèmes ?

Aujourd’hui, je fais ça depuis 10 ans et j’ai envie de continuer autant que possible. Brian Wilson des Beach Boys a sorti un album où il exprime son point de vue de vieil homme de 70 ans. Je trouve ça tellement cool ! Quand j’aurais 45 ans, je serais peut-être mère, et je chanterais peut-être à propos de cet environnement là.

J’ai entendu que tu as commencé dans des milieux punk underground féministes…

Je me considère toujours comme étant une féministe. J’ai pas mal traîné avec des bandes d’amis, qui faisaient majoritairement du punk-rock. Mais ils ne laissaient pas les filles faire de la musique. Quand j’ai commencé à partir en tournée, je me suis liée avec des groupes de punk féministes. On a déménagé à New York là-bas avec ma sœur. Il y a pas mal de festivals féminins là-bas, on y a joué. C’était sympa d’avoir un vrai soutien.

Tu joues avec ta sœur jumelle depuis le lycée. Vous aviez un groupe, PS Eliot. Aujourd’hui, elle continue à collaborer un peu sur cet album de Waxahatchee ?

Oui, elle participe à une chanson mais j’ai fait la majeure partie de cet album. Mais ma sœur reste très importante dans ma vie !

Pourquoi ce nom, Cerulean Salt ?

Ca vient du visuel de l’album -l’arrière de la pochette-, avec ces cristaux bleus. Il y a beaucoup de bleu dans cet album, que ce soit dans l’esthétique ou dans les paroles (la mer, le ciel…). Mais l’album Blue était déjà pris par Joni Mitchell ! (rires) Donc on a brainstormé et celui-ci sonnait bien.

[soundcloud url= »http://api.soundcloud.com/tracks/100278610″ params= »color=000000&auto_play=false&show_artwork=true » width= » 100% » height= »166″ iframe= »true » /]

Quelle serait la différence entre American Week-end, le premier album de Waxahatchee, et Cerulean Salt ?

Quand je réécoute American Week-end, je ne sais même pas qui a fait l’album. Je l’ai terminé en une semaine. Et je n’en ai rien fait dans l’immédiat. J’étais dans une période très créative, je voulais exprimer toute la maladresse de cet instant précis. Sauf que l’album n’est sorti qu’un an plus tard. Il n’a intéressé les critiques qu’encore un an après. Je ne m’y reconnaissais plus forcément. Cerulean Salt m’a pris plus de temps à faire, il y a plus d’instruments. Je voulais faire quelque chose de différent, et j’étais bien entourée, particulièrement par Keith. Il m’a aidé à mettre en place la batterie pendant que je travaillais sur les chansons.

Et pour le prochain album ?

Qui sait ! (rires) J’y pense… Pendant toute la tournée j’ai pris des notes en écoutant des titres Elliott Smith, de Mama Cass, de Yoko Ono.

Mais j’ai perdu le carnet !! Je ne sais pas si c’est quelque part dans le camion ou si il est perdu pour toujours…

Ta plus grand qualité ?

Je sais faire des gâteaux, parfois… (rires). Plus sérieusement, je pense être capable de compassion. Mais ce n’est pas toujours une qualité.

Ton plus grand défaut ?

Je peux être un peu trop impulsive. J’avais les cheveux longs avant et je me suis retrouvée comme ça sur un coup de tête (rires). En musique aussi… Parfois je me dis que j’aurais dû prendre plus de temps sur telle ou telle chanson.

Ton univers en trois mots ?

Simple, calme et joyeux (!)

 

***

Merci à Stephanie Laurans et au café Daron (Paris 9e)

Crédits photo: Michela Cuccagna

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *