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Fleetwood Mac – Live – Bercy – 11.10.2013


Cette soirée m’a rappelé à quel point les conditions comptent pour apprécier un concert. Nous étions impeccablement placés sur les gradins à droite de la scène, presqu’au niveau des musiciens que nous voyions de profil, avec la possibilité de les observer en gros plan sur un grand écran vidéo.

Le grand public ne connaît pas forcément Fleetwood Mac mais quiconque a été exposé à écouter la radio pendant les années 70 80 reconnaîtra sans doute Don’t Stop, Go Your Own Way, Rhiannon, Sara et quelques autres succès issus de cet âge d’or de la pop californienne. Des chansons légères, profilées, ultra mélodiques et interprétées avec cette alternance de voix féminines et masculines qui dessinent une carte du tendre dont les tourments restent délicats, des chansons empreintes d’un certain art de vivre et d’une pincée de mysticisme.

Nous sommes arrivés en retard au beau milieu de Rhiannon et j’ai été surpris par le côté gauche de Stevie Nicks, empruntée avec son châle étoilé, ses écharpes emmêlées et autres fanfreluches. Les yeux mi clos elle semblait se déplacer avec difficulté, ce qui n’était guère étonnant avec ses chaussures aux talons d’une hauteur invraisemblable. Mais le chant était là, ce chant extraordinaire venu d’on ne sait où, charnel, fragile, invincible, mystique, un peu fou et surtout qui touche bien au delà de nos barrières conscientes.

Et le groupe jouait de mieux en mieux avec pourtant pas mal de monde sur scène : un guitariste en sus de Buckingham et Mc Vie, un claviériste, deux choristes et l’imposant Mick Fleetwood aux fûts. Un son fort mais clair, précis, m’a donné l’impression que pour une fois nous assistions à une performance équilibrée entre l’énergie rentre dedans et les subtilités mélodiques et instrumentales offertes par le groupe sur disque.


Lindsey Buckingham
a pris ensuite le contrôle des opérations avec trois extraits de l’album Tusk représentatifs de sa surf music limpide, mélancolique et intense. Tusk, la chanson qui m’ennuyait sur l’album, prend une autre dimension sur scène avec ses roulements de percussions qui évoquent les éléphants d’Afrique.

Sa relecture en solo de Big Love fait partie des grands moments de ce concert avec une dextérité impressionnante mais jamais gratuite pour tirer des arpèges forts et émouvants de sa guitare électro acoustique.

Toutefois j’avais révisé avant le concert l’album Fleetwood Mac de 1975, celui de leur grande percée commerciale, sans croire un instant qu’ils allaient en interpréter autant de chansons pendant cette soirée. Des chansons émouvantes avec cette fraîcheur, une certaine simplicité impulsée par le duo Buckingham-Nicks et la pianiste chanteuse Christine Mc Vie qui ne joue plus dans le groupe depuis une bonne vingtaine d’années.

Fleetwood Mac – Landslide

Stevie Nicks m’a paru alors de plus en plus présente, avec ce beau Landslide et ses paroles « and I’m getting older too » qui prennent un sens plus émouvant encore aujourd’hui. Et quand elle s’est mise à tourner sur elle même toutes voiles dehors pour le féerique Gipsy, un peu empruntée mais magnétique, une vague d’émotion a soulevé la salle.

Naturellement il y eut quelques temps faibles en milieu de concert mais cette soirée m’a aidé à comprendre pourquoi tant de spectacles de dinosaures des années 70-80 m’ont déçu ces dernières années. Les membres de Fleetwood Mac émettent une impression d’entente, de plaisir de jouer ensemble et pour le public. Ce soir là les années ne pesaient pas tant que cela sur leurs épaules, leurs talents m’ont juste paru un peu érodés, un peu mûris aussi par l’expérience, mais à entendre le public qui quittait lentement Bercy leur foi en ce qu’il font nous a tous un peu inspirés et rendu le vent de la nuit un peu moins frais.

Crédits photo: Michela Cuccagna

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