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Enterré sous X – Live – Péniche El Alamein – 02.2011

Enterré sous X jouait sur la Péniche El Alamein il y a peu. Ce groupe est composé de 7 pirates , trois musiciens ; Julien Bouttard à la guitare, à la flute et au didgeridoo, Yannick Berbié à la batterie et Aurélien Deleron à la contrebasse , ainsi que de quatre poètes ; Zedrine, Cyclic, Luke Askance et Lili June, seule femme de l’équipage. Ils ont pris d’assaut cette petite péniche à l’ambiance familiale pour un moment de musique. Ils jouent les titres de leur premier album « X marks the spot« . Comme ils me l’expliqueront ensuite, X marks the spot est une expression en anglais pour désigner l’emplacement du trésor dans les cartes de pirates !

Ils commencent tous ensemble, un texte à quatre voix. Immédiatement se dégage d’eux une énergie intense, un esprit de groupe. Le public se retrouve vite agréablement entouré de mots. Les poètes se succèdent ensuite, déclamant leurs poèmes à tour de rôle. Des textes géniaux où résonnent toute leur vie, toute leur implication dans ce qu’ils font, et combien ils sont entiers. Des textes qui prennent aux tripes. Sur scène ils se livrent complètement, slamment, crient, chantent, dansent comme en transe. Se déchainent. Et provoquent le public, jouent avec lui. « Qui a sa Rolex dans la salle ? » Un homme explique qu’il a du la vendre pour payer son loyer. « De toute façon, c’est tous des ratés ! » crie un membre du public.

Ils font rire quand Luke Askance, l’anglais du groupe, raconte son escapade dans la campagne, à « 80 km de Toulouse » et cela sans amphétamines. Posent des textes graves, comme « Qu’on me plie » déclamé en duo par Zedrine et Cyclic. Cyclic qui nous gratifie d’un très à propos vu les lieux « Envie que la mer monte« . J’achèterai avec plaisir « Le gramme de Slam » vendu par Zedrine. Enterré sous X use d’un humour noir, grinçant comme dans « L’enfant cruel » déclamé par Cyclic et Lili June. « Le Verbe » de Zedrine est une merveille, de ces mots qui marquent et trottent en tête des jours entiers. Ce groupe originaire de Toulouse témoigne de son attachement à sa ville avec le superbe texte « Tout doit disparaître » de Luke Askance, qui refuse de voir sa ville devenir toute lisse, qui refuse de voir les squats fermés les uns après les autres. Sans les citer tous, les textes sont magnifiquement écrits et interprétés. Je ne peux que vous conseiller d’aller les lire sur leur myspace où ils les ont mis en libre consultation.

Et Enterré sous X c’est également trois musiciens qui accompagnent les textes avec brio, et qui se font bien plaisir quand on leur laisse la scène pour une longue improvisation terriblement jazz. Il se dégage d’eux une telle aisance, ils donnent l’impression que c’est facile. Le guitariste tente une expérience inédite, reprenant l’expression au pied de la lettre, il joue de la perceuse et autres instruments de sa caisse à outils, qu’il enregistre à l’aide d’une pédale sur un morceau.

Leur musique est à la fois rock, jazz et slam voire parfois rap. C’est un groupe qui ne ressemble à rien de ce que j’avais pu voir auparavant. Ils rejettent sans regret tout aspect commercial, Zedrine est catégorique : « la radio se passera bien de nous, et nous d’elle ». Leur présence scénique est impressionnante, l’aspect théâtral est présent tout au long de ce concert. Luke Askance et Zedrine dévorent la scène et le public, le premier courant de table en table dans le public en volant les verres encore remplis. Ils finiront le concert attachés en laisse. Le public est conquis, donne de la voix.

Le concert se termine, j’ai dans la tête des centaines de mots, et la preuve qu’Enterré Sous X est bel et bien vivant !

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