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Coming Soon – Ghost Train Tragedy

ComingSoon-GhostTrainTragedy

Ne vous fiez pas au titre du dernier album des Coming Soon, Ghost Train Tragedy. S’il fait allusion à une catastrophe de la fin des années 70 – un accident de train fantôme qui fit plusieurs morts dans un parc d’attraction australien – cet opus, le deuxième du groupe après le déjà remarqué New Grids, n’a en fait rien de tragique. Au contraire, les mélodies, un poil mélancoliques et pourtant toujours enjouées, s’enchaînent pour constituer un album plus que convaincant.

Pour autant, la première écoute de Ghost Train Tragedy ne donne pas nécessairement l’impression d’une révolution musicale. Mais quelle erreur de le laisser passer, ce voyage musical entre mille et unes influences, intelligemment digérées par ces tout jeunes artistes – dont certains n’ont pas encore la vingtaine ! Loin des groupes français qui jouent aux américains en baragouinant de fades balades encore enlaidies par un accent frenchy un peu dégueulasse, les Coming Soon parviennent à emporter l’auditeur entre rock, folk et blues. Et il y a alors quelque chose de commun avec ces films qui nous mènent dans les années 70 américaines, en plein dans cette tension entre insouciance et lucidité propre à l’époque… Question talent, pas de doute : l’instrumental est plus que maîtrisé et les voix, oscillant entre diverses ambiances – d’un instant discordant à une voix caverneuse, en passant par la douceur féminine d’un choeur – servent avantageusement des paroles tantôt légères et pleines d’espoir, tantôt lucides mais jamais désespérées. Alors, même s’ils n’inventent pas véritablement quoique ce soit, laissons la magie des Coming Soon opérer et écoutons encore cet album.

Commençons par « Walking », la première piste de Ghost Train Tragedy, qui, sous de faux airs de balade légère et enjouée, nous sert un « Love is cruel » à répétition. Et, comme pour contrebalancer le sinistre constat, une voix féminine, que l’on retrouve plusieurs fois sur l’album, vient adoucir cette réalité, comme pour rappeler que malgré tout, reste une pointe de joie dans tous ces malheurs, petits et grands. Cet esprit de contraste est récurrent sur l’album, comme sur « Love in the afternoon », récit d’une aventure temporaire sans amour, où il est admis que « I never bored you ‘cause I never loved you ». Mais c’est surtout l’écoute de « School Trip Bus Crash » qui illustre à merveille ces décalages : un titre catastrophe, en écho à celui de l’album, qui cache en vérité une chanson rythmée et entraînante. On imagine assez bien un clip multicolore, tourné sur les cendres encore fumantes du drame, dont surgiraient les membres guillerets du chœur…

Et puis, de l’autre côté du miroir, les promesses n’en finissent plus d’alimenter des mélodies toujours aussi énergique : sur « Backseat », les « rollercoaster » émotionnels subis par le chanteur ne l’empêchent pas de promettre à sa dulcinée sa dévotion quasi éternelle. Comment ne pas non plus pencher niaisement la tête en rêvassant à l’écoute de « Sweetheart », le titre de clôture qui nous sucre agréablement l’oreille ? Voilà justement ce qui plaît sur l’album des Coming Soon : Ghost Train Tragedy est à la fois clairvoyant quant à la réalité parfois cruelle, tout en n’anéantissant jamais l’espoir. Alors on les suit volontiers sur la route d’un Ouest imaginaire, mi-cow-boy désabusé, mi-midinette ingénue.

Label : Kitchen Music – Sortie : 2009

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