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BO – Schyzopolis

Schyzopolis : Un titre qui annonce clairement les intentions, Bo réussit sur cet album à trouver une cohérence et à imprimer sa touche personnelle aux confins de plusieurs styles ; couplets cabaret rock à la Lou Reed, décollages disco pop ( Bee Gees, ELO, Scissor Sisters) pulsés par des violons acidulés, folk pop délicatement arrangée (Hey, Berlioz) et autres décoctions blues jazz.

Tous ces mélanges incarnés par un chant à la Gainsbourg ou à la Dutronc, qui abandonne parfois cette nonchalance un peu narquoise, sur le fil ténu entre humour, fantaisie et spleen, pour atteindre plus de naturel et d’ émotion sur les refrains et les quelques titres moins chargés en références et dotés d’arrangements plus épurés.

Bo possède sans doute une collection de disques monumentale. Je reconnais dans ses musiques les références de l’ érudit rock, du bricoleur sorcier de la console, solitaire des studios à la Todd Rundgren, 10CC, Andrew Gold, George Clinton, voire Prince.

Chacun de ses ainés stimulé par l’ ambition de se colleter avec tous les styles musicaux qui l’ont touché, d’ en instiller plusieurs dans une chanson Big Mac où les instruments jaillissent inopinément parmi une jungle d’ arrangements touffus, voilà ce que tente avec audace Bo (Bande Originale ? Bo Derek ?).

Singulièrement casse gueule comme option artistique, mais lorsque le critique tape du pied, comme sur Hello, la partie est quasiment gagnée.

Certes il reste encore quelques stigmates qui montrent que Bo n’ a pas encore totalement digéré ses influences : L’ abus d’un chant trop « parlé » alors qu’il possède une voix légère qui peut conduire agréablement ses mélodies, un son de studio en laboratoire parfois un peu étriqué, synthétique, pour le crescendo disco pop qu’il cherche à atteindre et bien sur les références ( « Lou Reed », « Monk + Billie ») lourdement portées en étendard signe d’un rock français qui semble ne jamais devoir dépasser l’ adolescence.

Quand Bo ose le solo de guitare à la George Harrison (Berlioz), les violons indiens réminiscents des derniers Beatles (Monk, Billie) et réussit la gageure, j’ ai réalisé que nous entendons sur ce Schyzopolis un vrai talent.

Un talent encore en mode mineur, parce que le plus souvent le refrain manque un peu de « l’overdrive » qui fait que l’on garderait ses chansons en tête. Parfois il s’ agit simplement du prolongement sans inventivité de ses couplets.

Néanmoins Bo a réussi un disque très agréable à écouter, foisonnant et pétillant, où l’ auteur a su imprimer sa personnalité artistique de la première à la dernière note.

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