Catégories
Chroniques

Battle of Britain Memorial – The Aftermath of Your Bright Beings

La scène métal toulousaine… oui, arrêtons-nous y quelques instants. Alors que certains regrettent Psykup et attendent impatiemment le nouveau Manimal, que My Own Private Alaska est devenu célèbre de par le monde, que Cats on Trees jouit d’un succès grandissant  et que Nephalokia vient de sortir son premier album, que se passe-t-il du côté des nouvelles formations ? Une fois de plus émerge l’inattendu, le groupe qui fouille au-delà du déjà-vu. Un design, une histoire, un univers. Tout ici en appelle à l’humain, à la réflexion, à la prise de conscience des horreurs de la guerre, à la recherche d’un monde au-delà des mots et de l’exprimable.

Post-hardcore ? Metal atmosphérique ? Screamo céleste ? Quelle définition donner à cette puissance démesurée ? Soyons honnêtes, un premier album de cette qualité relève du génie. Pour commencer, la production est impeccable, ce qui induit de sincères remerciements à Jérémie Mazan, guitariste de Nephalokia, qui s’est occupé de l’enregistrement de cette autoproduction. Il a ainsi travaillé aux côtés des quatre jeunes toulousains pour assurer un rendu fidèle aux six compositions de « The Aftermath of Your Bright Beings ». L’intensité est parfaitement restituée. Dans ce projet, retenez-le, on n’a pas fait pas les choses à moitié. Avec une musique aussi pure et entière que celle-ci, Battle of Britain Memorial nous fait décoller de la croute terrestre dès le premier morceau, Welcome To Rapture. Les amateurs de post-hardcore et de mélodies prenantes et rageuses le comprendront vite, cet album est sur le point de balayer ceux des plus grands (Cult of Luna, Isis, Kehlvin…).

Fondé sur des samples et des cris en mode screamo, « The Aftermath of Your Bright Beings » n’est pas un album facile à écouter pour les allergiques du chant hurlé, et pourtant, cette beauté céleste et ce sens de la composition semblent happer nos sens et nous élever au dessus du commun. J’ignore si l’on peut y résister très longtemps. C’est cela même, la musique de BOBM est une créature entre Will Haven et Oceansize, la répétition et la violence brute en moins, la prestance et le sublime en plus. Le groupe est une créature duplice qui observe tristement la réalité. Metaphysics of The Light House nous attrape, nous jette un filet d’images et de rêveries sur la tête, nous transporte pour enfin achever toute résistance. Les notes cadencées et aigues du morceau rappelle la courte intro de Welcome To Rapture (merci au groupe de ne pas nous assommer d’une introduction de 5 minutes cyclique et ennuyeuse qui semble être devenue la règle dans le post-hardcore).

Des tambours battants dans Metaphysics of The Light House, une montée en haleine vers les cieux, une chance de trouver le chemin vers les cieux pour contempler des nuages les carnages de l’homme, voilà ce que BOBM nous propose dans ce premier album. Ludo, chanteur et parolier du groupe, se veut être un personnage témoin de la dévastation, du chaos. La douleur de ce constat, il l’extériorise dans son chant screamo parfois apaisée pour plus de sens. Cum Tacent Clamant est calme, interprété en chant clair mais non moins noir que les autres morceaux, « There’s no one you care about, there’s no chance to get away ».

Inspiré par Mogwai, MOPA, Hypno5eBattle of Britain Memorial est pourtant un être unique, un concept, une brèche dans l’armée de clones du post-hardcore. La pochette laisse la civilisation s’écrouler tandis que pour nous un monument de la musique vient de s’élever.

Label : autoproduction – Sortie : mai 2011

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *